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142. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. De l’Art de prévenir les Critiques. » pp. 309-313

Elmire, à son mari.

143. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Il est épris d’une jeune villageoise dont le mari est très jaloux, et il parvient à devenir le confesseur de la belle. […] Il a enrichi l’auteur en le dérobant ; il l’a rendu immortel par le larcin qu’il lui a fait : Scarron est plus célèbre par la scène du Tartuffe que par tous ses ouvrages ; on ne cite plus guère ce burlesque poète que comme le premier mari de madame de Maintenon, et comme l’heureux inventeur d’une scène qui est passée à Molière, comme s’il eût été dans sa destinée de ne s’élever que par ses alliances, et de ne traverser les âges qu’à la suite des grands hommes qui l’ont associé à leur souvenir. […] « Le sien, dit-il, ne cajole point la femme de l’homme opulent à qui il a su imposer ; il ne lui fait du moins ni avance, ni déclaration ; il s’enfuira, il lui laissera son manteau s’il n’est aussi sûr d’elle que de lui-même ; il est encore plus éloigné d’employer pour la séduire le jargon de la dévotion ; ce n’est point par habitude qu’il le parle, mais avec dessein et selon qu’il lui est utile, et jamais quand il ne servirait qu’à le rendre très ridicule. » L’Onuphre de La Bruyère est un pénitent exténué par le jeûne ; il a peu de mérite à jouer l’abstinence et la chasteté : il est sans passion, sans désirs ; mais le Tartuffe de Molière est un homme ardent, plein de feu, de santé ; sa convoitise est sans cesse excitée par l’aspect d’une femme jeune et belle, dont le mari est vieux et dévot, et qui paraît d’ailleurs un peu portée à la coquetterie. […] D’ailleurs Tartuffe n’a pas de prime abord conçu le dessein de suborner la femme, d’épouser la fille et de dépouiller le fils de son bienfaiteur ; il a commencé par bien choisir sa dupe : il a vu un homme riche, dévot, crédule, d’une imagination faible et exaltée ; un mari d’un certain âge ayant de grands enfants d’un premier lit, et une jeune femme pour seconde épouse. […] Aussi, quand Elmire lui adresse cette question : On tient que mon mari veut dégager sa foi Et vous donner sa fille.

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