La fable de la Métromanie ne peut pas être censée commencer & finir dans trois heures ; & l’Auteur a très bien fait de prendre le temps qui lui étoit nécessaire, d’abord qu’il n’excédoit pas les vingt-quatre heures : mais Moliere a très mal fait d’user de la permission, & d’envoyer dormir les personnages de son Malade imaginaire entre le premier & le second acte. […] On fit sur cette retraite les couplets suivants, dans un opéra comique intitulé les Spectacles malades.
Laure devint pâle comme si on l’eût convaincue d’un meurtre, & alloit protester de son innocence, si la méchante femme, qui ne jugea pas à propos d’éprouver davantage son ignorance, ne se fût séparée d’elle, lui jetant les bras au cou, & l’assurant que le malade n’en mourroit pas. […] Elle alla, toute scandalisée, trouver Laure, qui lui demanda d’abord pourquoi le gentilhomme n’étoit pas venu, & s’il étoit malade. Il n’est pas malade, dit la vieille, & il n’a pas manqué d’y venir ; mais il trouva un homme armé dans votre chambre. […] Le malheureux Don Pedre feignit d’être malade, & se représentant qu’il avoit choisi une femme idiote, qui non seulement l’avoit offensé en son honneur, mais encore qui ne croyoit pas s’en devoir cacher, il se ressouvint des bons avis de la Duchesse, détesta son erreur, & reconnut, mais trop tard, qu’une honnête femme sait garder les loix de l’honneur, & que si, par fragilité, elle y manque, elle sait du moins cacher sa faute. . . . .