Soleirol, mérite sous ce rapport une mention particulière : on n’y comptait pas moins de cent vingt-neuf peintures et dessins*consacrés à Molière, tous originaux, cela va de soi ; le digne commandant, proie sans défense pour les brocanteurs, achetait tout ce qu’on lui apportait, adoptait toutes les attributions, et en inventait lui-même au besoin. […] Quant à Provençal, il avait quelque mérite à le garder, car c’était un lourdaud, d’intelligence rudimentaire. […] On cite d’habitude, pour marquer la nature de ses rapports avec ses comédiens, une phrase du registre de La Grange : « Tous les acteurs aimoient le sieur Molière, leur chef, qui joignoit à un mérite et à une capacité extraordinaire une honnêteté et une manière engageante qui les obligea tous à lui protester qu’ils vouloient courir sa fortune et qu’ils ne le quitteraient jamais, quelque proposition qu’on leur fit et quelque avantage qu’ils pussent trouver ailleurs. » Ceci se rapporte à l’expulsion de la troupe du Petit-Bourbon, et il se peut bien, en effet, qu’à ce moment tels fussent les sentimens de tous ses membres.
L’ensemble des morceaux consacrés au Tartuffe mérite une attention particulière. […] Ce que j’avance ici, ne tendant à rien moins qu’à préciser l’origine encore mal éclaircie du dernier-né de la Comédie italienne, mérite quelques explications ; je me hâte donc de vous les donner. […] Celui qu’on vient d’indiquer pouvait être bon, dans un temps ordinaire, pour une comédie n’ayant besoin de l’aide de personne, et pouvant cheminer avec le secours de son seul mérite. […] Il gourmande la froideur de ces âmes mollement honnêtes, qui, faute de donner quelque ressort à leur honnêteté, l’annihilent, pour ainsi dire, et en perdent le mérite, parce qu’il ne savent pas en montrer la force. […] L’une n’avait qu’un mérite, celui d’être, comme nous l’avons dit, le point de départ de quelques scènes du Médecin malgré lui, et l’autre ne valait elle-même quelque chose, qu’en raison de George Dandin, qui y retrouvait plusieurs traces de ses origines.