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79. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Il leur prête le projet d’une académie qui fera dans la langue des remuements ; une fondatrice ose dire : Par nos lois, prose et vers tout nous sera soumis, Nul n’aura de l’esprit hors nous et nos amis.

80. (1884) Tartuffe pp. 2-78

Eloquent, du reste ; ce jargon dévot est une belle langue, et si Tartuffe la parle à Elmire, c’est qu’il se la parle à lui-même : c’est qu’il n’en a plus d’autre. […] Il n’est point de ces galants de cour, dont la langue indiscrète Déshonore l’autel où leur cœur sacrifie. […] Tartuffe, lui, n’aura garde ; avec lui point de bruit ; des faits : l’autel peut être tranquille ; il ne dit que des messes basses ; et il se penche à l’oreille d’Elmire, plus onctueux que jamais, avec le regard de côté de ses yeux dévots, ses lèvres grasses troussées par un sourire d’intelligence, et il promet De l’amour sans scandale et du plaisir sans peur… Dans tout cela l’intention comique est évidente ; elle éclate dans le contraste entre cette langue angélique et le gaillard au teint de rubis qui la parle ; dans l’inaltérable confiance avec laquelle il offre son cœur, dans cette naïveté de prêtre avec laquelle promettant du plaisir, du plaisir sans crainte, il se croit dès lors irrésistible ; dans l’admirable choix des mots et des rimes : car quoi de plus drôle que ces expressions : les vains efforts de mon infirmité, les tribulations de votre esclave indigne , et cette fin de déclaration : Et je vais être enfin, par votre seul arrêt, Heureux si vous voulez ; malheureux s’il vous plaît ; dont la dernière syllabe ne peut pas se dire autrement que la bouche bée ?

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