Laissez, ma bru, laissez, ne venez pas plus loin ; Ce sont toutes façons dont je n’ai pas besoin. […] Térence auroit dû ne nous laisser aucun doute la-dessus. […] Une fille fort jeune & sa femme laissées, A quelque temps de là se trouvant trépassées, Il en eut la nouvelle, &, dans ce grand ennui, Voulant dans quelque ville emmener avec lui, Outre ses biens, l’espoir qui restoit de sa race, Un sien fils, écolier, qui se nommoit Horace : Il écrit à Bologne, où, pour mieux être instruit, Un certain maître Albert jeune l’avoit conduit.
Nous venons de voir dans les derniers Chapitres quelles sont les qualités d’un caractere, quels sont ses défauts, ce qui le rend plus ou moins propre à la scene, & plus ou moins facile à traiter : ne nous laissons donc pas éblouir par des titres pompeux, & avant que de mettre un caractere au théâtre, sachons voir d’un coup d’œil le parti que nous pourrons en tirer. […] Il a laissé par-là à l’Auteur qui traiteroit le Misanthrope par air, les grandes beautés que le caractere présente d’abord, & que les autres nations n’ont pas dédaignées quand elles ont peint leur Misanthrope haïssant le genre humain parcequ’il en avoit éprouvé des noirceurs, & distribuant un trésor à deux armées ennemies pour leur fournir le moyen de s’égorger61. […] Il n’est pas douteux que si les Auteurs sont aussi peu instruits qu’elles, ils croiront bien souvent avoir trouvé un sujet neuf & fertile, tandis que leurs prédécesseurs auront, sous un autre titre, épuisé la matiere, ou n’en auront laissé que pour faire un acte tout au plus. […] Voyons s’il nous a laissé quelque chose à dire après lui.