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78. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Racine eut moins d’ennemis, mais il eut autant de mauvais juges de ses ouvrages. […] Les autres pièces qui composent ce volume ne sont pas moins intéressantes dans leur genre pour l’histoire du théâtre français ; nous espérons que le lecteur verra avec plaisir les articles d’Agésilas, d’Attila, du Médecin malgré lui, du Ballet des Muses, du Sicilien, d’Amphitryon, de George Dandin, de Pourceaugnac, du Jaloux invisible, de La Veuve à la mode, de Délie, de La Folle Querelle, première critique et première parodie en forme de comédie (de la tragédie d’Andromaque), des Faux Moscovites, du Courtisan parfait, du Baron d’Albikrac, du Jeune Marius, de La Fête de Vénus, de La Femme juge et partie, etc. […] Mais comme il ne pourrait le faire paraître sans avoir matière, l’auteur a cherché toutes les choses qui peuvent exercer la patience des hommes : et comme il n’y en a presque point qui n’ait quelque procès, et que c’est une chose fort contraire à l’humeur d’un tel personnage, il n’a pas manqué de le faire plaider : et comme les plus sages s’emportent ordinairement quand ils ont des procès, il a pu justement faire dire tout ce qu’il a voulu à un misanthrope qui doit, plus qu’un autre, faire voir sa mauvaise humeur, et contre ses juges, et contre sa partie. […] Plaute avait imaginé le premier de faire en même temps voler la cassette de l’Avare, et séduire sa fille ; c’est de lui qu’est toute l’invention de la scène du jeune homme qui vient avouer le rapt, et que l’Avare prend pour le voleur ; mais on ose dire que Plaute n’a point assez profité de cette situation, il ne l’a inventée que pour la manquer ; que l’on en juge par ce trait seul : l’amant de la fille ne paraît que dans cette scène, il vient sans être annoncé ni préparé, et la fille elle-même n’y paraît point du tout. […] On a pensé jusqu’ici que dans ces sortes de pièces, chaque acteur de la troupe de Molière, en suivant un plan général, tirait le dialogue de son propre fond, à la manière des comédiens italiens ; mais si l’on en juge par deux pièces du même genre qui sont parvenues manuscrites jusqu’à nous (voyez la note suivante), elles étaient écrites et dialoguées en entier.

79. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

Telle est la scene des Plaideurs de Racine, dans laquelle on juge un chien qui a volé un chapon.

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