Il s’ensuivroit de cette regle, que le cinquieme acte de la Métromanie ne devroit commencer que cinq ou six heures après le quatrieme, puisque dans l’intervalle la plupart des acteurs quittent la campagne où ils sont, viennent à Paris voir jouer une piece, & reviennent à la campagne. […] Au milieu de ce travail, Drink & Robert entrent en se disputant : c’est là l’instant où l’orchestre doit cesser de jouer, & où l’acte commence ». […] Il seroit assez bien que l’orchestre, pendant cet entr’acte, ne jouât que de la musique douce & triste, même avec des sourdines, comme si ce n’étoit qu’un bruit éloigné de quelques maisons voisines : le cœur de tout le monde est trop en presse dans celle-ci, pour qu’on puisse supposer qu’il s’y fait de la musique ».
Quand don Juan fait sa belle tirade contre le mariage et le faux honneur d’être fidèle, quand il demande à Sganarelle, ébloui par son éloquence sophistique, ce qu’il a à dire là-dessus, le timide bon sens de Sganarelle répond : « Ma foi, j’ai à dire… Je ne sais que dire : car vous tournez les choses d’une manière qu’il semble que vous avez raison, et cependant il est vrai que vous ne l’avez pas… Je suis tant soit peu scandalisé de vous voir tous les mois vous marier comme vous faites, et vous jouer ainsi d’un mystère sacré502… » Et quand Sganarelle n’est pas bridé par la crainte, il ne se gêne pas pour appeler cet épouseur à toutes mains « le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un diable, un turc, un hérétique, qui ne croit ni ciel, ni saint, ni Dieu, ni loup-garou503 ; qui passe cette vie en véritable bête brute ; un pourceau d’Épicure, un vrai Sardanapale, qui ferme l’oreille à toutes les remontrances chrétiennes qu’on lui peut faire, et traite de billevesées tout ce que nous croyons504. » Qui ne rit encore, en repensant au refrain terrible qui met en fuite le pauvre Pourceaugnac : La polygamie est un cas, Est un cas pendable505 ? […] Le scandale du monde est ce qui fait l’offense, Et ce n’est pas pécher que pécher en silence508 ; en vain les raffinées comme Armande trouvent que c’est « jouer un petit personnage » De se claquemurer aux choses du ménage, Et de n’entrevoir point de plaisirs plus touchants Qu’une idole d’époux et des marmots d’enfants509 : — l’homme et la femme ont par nature un penchant qui les porte à s’aimer ; et cet amour peut, doit être satisfait par le mariage, seulement. […] « Le mariage est une chose sainte et sacrée539, une chaîne à laquelle on doit porter toute sorte de respect540. » « On ne doit point se jouer d’un mystère sacré, et les libertins ne font jamais une bonne fin541. » II.