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92. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Une jeune fille élevée intellectuellement, devenue une intellectuelle, peut aimer un homme d’âge intellectuel lui-même ; une jeune fille non instruite, jamais ; celle-ci suivra le mouvement naturel qui est que la jeunesse aille vers la jeunesse, La seule chance qu’aurait pu avoir Arnolphe d’être aimé est donc celle qu’il a supprimée en ne se spiritualisant pas lui-même et en ne spiritualisant pas sa protégée. […] Ce vice est plutôt l’effet de l’âge et de la complexion des vieillards qui s’y abandonnent aussi naturellement qu’ils suivaient les plaisirs dans leur jeunesse ou leur ambition dans l’âge viril. Il ne faut ni vigueur, ni jeunesse, ni santé pour être avare ; on n’a aussi nui besoin de s’empresser ou de se donner le moindre mouvement pour épargner ses revenus ; il faut seulement laisser son bien dans ses coffres et se priver de tout. […] Il rencontre la nature féminine primitive, toute d’instinct, allant droit à la jeunesse et à l’amour, au genre d’amour que peut donner la jeunesse, et en même temps ingénument fourbe ; et d’autre part il rencontre la civilisation qui ne lui permet pas de dompter la femme comme dans les temps primitifs, qui ne lui permet pas de la parquer, de l’enchaîner et de la faire garder par des eunuques. […] Molière l’a vu dans Paris ou en province ; il est un des bourgeois qu’il a observés non loin des Halles dans sa première jeunesse ou dans quelque ville au cours de ses campagnes théâtrales.

93. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

livrée à d’éternels chagrins, vous seule ne jouirez point des charmes de votre jeunesse !

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