En 1620, il avait dix-neuf ans, et la reine dix-huit ; leur jeunesse ne les empêchait pas de vivre ensemble très froidement. […] Et enfin, il n’est pas déraisonnable de penser que l’état d’humiliation où la première jeunesse du roi fut tenue par sa déraisonnable mère, lui rendait impossible cette confiance en lui-même et dans les autres, qui est le premier véhicule de l’amour ; qu’il ne voyait dans Anne d’Autriche qu’une femme attachée à lui par le devoir ; qu’il avait besoin d’être relevé de cette dépression par la tendresse de personnes désintéressées.
Il est frais & gaillard, il s’admire sans cesse, Et pense valoir mieux que toute la jeunesse. […] La fraîcheur de la jeunesse, l’impatience du desir, l’étourderie & la légéreté, qui sont des graces à seize ans, & des ridicules à trente, rendirent intéressant aux yeux de Bélise cet enfant bien né, qui avoit l’honneur d’appartenir à la famille de son époux. […] Le pressentiment confus de cette jolie petite créature qui badine à une toilette, qui se caresse, qui se mire, qu’elle va peut-être dans deux mois se précipiter à travers les batteries sur un escadron ennemi, ou grimper comme un grenadier sur une breche minée ; ce pressentiment donne aux gentillesses d’un petit-maître un caractere de merveilleux qui étonne & qui attendrit : mais la fatuité ne sied qu’à la jeunesse militaire. […] Nous sommes dans l’âge où l’on n’a plus rien à dissimuler ; & ma jeunesse est si loin de moi, que j’en puis parler comme d’un beau songe.