Je ferai remarquer que la Relation des fêtes qui, à ce qu’on croit, dans le passage relatif à Tartuffe, fut inspirée, peut-être rédigée par Molière lui-même, dit que le roi « défendit la pièce en public et se priva lui-même de ce plaisir, jusqu’à ce qu’elle fût achevée et examinée ». […] Molière retoucha son Cléante ; il le fit plus grave, lui retira la raillerie, lui donna l’indignation ; il lui mit dans la bouche la fameuse tirade, inspirée par Condé et dont celui-ci a fait peut-être le vers : Il est de faux dévots ainsi que de faux braves ; et sans le faire un vrai dévot lui-même (Molière ne s’y résigna pas), il lui fit faire leur éloge en même temps que la satire des grimaciers. […] La lettre, d’ailleurs, ajoute plus loin cette très belle parole, digne de Molière même et qu’il a certainement inspirée : « La Providence de la nature a voulu que tout ce qui est méchant eût quelque degré de ridicule. » Voilà le secret du Tartuffe.
Nous ne pouvons ni les infirmer ni les restreindre : nous devons croire qu’ils sont entièrement mérités, et déplorer d’autant plus amèrement la perte des chefs-d’œuvre qui les ont inspirés. […] Presque de nos jours, un homme d’un génie heureux qu’avait inspiré la lecture de Molière, Goldoni, voulut faire présent à son pays de la comédie véritable, de la comédie de caractère et de mœurs, image de la vie commune et contemporaine. […] Elle est ridicule quand il y a, de celui qui la ressent à celle qui l’inspire, une trop grande différence de caractère, comme entré le misanthrope Alceste et la coquette Célimène, ou bien une trop grande disproportion d’âge, comme entre Sganarelle et Isabelle, Arnolphe et Agnès, don Pèdre et Isidore. […] Il lui inspira un attachement plus profond, plus dévoué que ne semblait le comporter l’insouciante légèreté de son caractère, et il dut à cette liaison l’inestimable avantage d’entendre les leçons d’un des plus grands philosophes de cette époque. […] On ade lui quelques pièces de vers dont les plus célèbres sont l’Invocation à Vénus, traduite de Lucrèce, le sonnet de l’Avorton, et un autre sonnet, meilleur, quoique moins fameux, que lui inspira contre Colbert la disgrâce de Fouquet, dont il était le protégé.