Ses parents, qui ne le croyaient pas appelé à de si hautes destinées, négligèrent son éducation. […] Il était impossible de se moquer plus cruellement de ces formes emphatiques, de ce ton guindé, que les beaux esprits de la cour avaient mis à la mode, et qui, des hautes sociétés, s’étaient répandus jusque dans la classe moyenne. […] Depuis lors les habitants du Louvre le regardèrent d’un peu moins haut, et briguèrent même son amitié. […] Baron avait la plus haute idée de son état : il disait qu’un comédien était un homme nourri dans le giron des rois. « J’ai lu, disait-il, toutes les histoires anciennes et modernes ; la nature, prodigue, a produit dans tous les temps une foule de héros et de grands hommes dans chaque genre ; elle semble n’avoir été avare que de grands comédiens ; je ne trouve que Roscius et moi. »Cette haute opinion que Baron avait de son mérite fut sur le point de lui faire refuser la pension que Louis XIV lui avait donnée, parce que l’ordonnance portait : « Payez au nommé Michel Boiron dit Baron. » Comblé de gloire et des bienfaits de Louis XIV, il joua pour la dernière fois, le 22 octobre 1691, le rôle de Ladislas dans Venceslas.
Il m’a fait à l’abord cent questions frivoles, Plus haut que les acteurs élevant ses paroles. […] Là-dessus de la piece il m’a fait un sommaire, Scene à scene averti de ce qui s’alloit faire ; Et jusques à des vers qu’il en savoit par cœur, Il me les récitoit tout haut avant l’acteur.