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4. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

On n’y a point rapporté un fait que bien des gens m’ont assûré, c’est qu’il ne se fit Comédien que pour être auprès d’une Comédienne dont il étoit devenu fort amoureux. […] Il y eut même des gens qui le tournérent du côté de la réflexion, & qui moralisérent beaucoup sur cet incident. […] Je croi pouvoir dire qu’en fait d’Ouvrages de plume, il n’y a gueres de choses où tant de gens aient reconnu la supériorité de ce Siecle, que dans les Pieces Comiques. […] C’est blâmer Moliere de ce qu’il a travaillé non seulement pour les esprits fins, & de bon goût, mais aussi pour les gens grossiers. […] Nous jouons souvent devant ces sortes de gens, & il faut leur donner des plaisanteries de leur portée, faute dequoy on trouveroit souvent une grande solitude dans notre Theatre.

5. (1706) Lettre critique sur le livre intitulé La vie de M. de Molière pp. 3-44

Apparemment que l’Auteur n’a eu intention de faire son livre que pour des Gens d’antichambre, et pour le menu peuple. […] Il y en a quelques-unes qui peuvent faire rire les gens qui s’amusent de peu de chose. […] L’Auteur à cette occasion nous étale fastueusement dans deux ou trois endroits de grands mots, pour nous faire entendre que le Métier de Comédien a de [trop] grands principes, pour que des gens si mal élevés puissent les savoir. […] Mais j’entends tous les jours bien des gens de ce temps-là, qui se plaignent que l’Auteur n’ait pas développé tous les mouvements que l’on se donna pour faire supprimer cette Pièce, et pour en faire punir l’Auteur. […] Ainsi soyez fidèle à notre amitié ; car j’aurais peut-être bien de la peine à me retenir, si l’Auteur me maltraitait par une Réponse ; et nous pourrions donner aux Gens de lettres des Scènes qui tourneraient à notre confusion.

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