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16. (1769) Idées sur Molière pp. 57-67

Il n’y a rien en ce genre ni avant lui ni après. […] Il est dangereux en tout genre d’être trop au-dessus de ses juges, et Racine s’en aperçut dans Britannicus. […] Ne cessons de le dire; le naturel est le charme le plus sûr et le plus durable; c’est lui qui fait vivre les ouvrages, parce que c’est lui qui les fait aimer; c’est le naturel qui rend les écrits des anciens si précieux, parce que maniant un idiome plus heureux que le nôtre, ils sentaient moins le besoin de l’esprit; c’est le naturel qui distingue le plus les grands écrivains, parce qu’un des caractères du génie est de produire sans effort; c’est le naturel qui a mis la Fontaine, qui n’inventa rien, à côté des génies inventeurs; enfin c’est le naturel qui fait que les lettres d’une mère à sa fille sont quelque chose et que celles de Balzac, de Voiture, et la déclamation et l’affectation en tout genre sont, comme dit Sosie, rien ou peu de chose. […] On se plaint qu’on ne travaille plus dans le genre de Molière. […] C’est le genre le plus fécond qui nous reste ; et si Molière avait vu l’École des Mères et Mélanide, il aurait crié : Courage, la Chaussée.

17. (1739) Vie de Molière

Il est bien difficile de réussir avant cet âge dans le genre dramatique, qui exige la connaissance du monde et du cœur humain. […] C’est encore une pièce d’intrigue, mais d’un autre genre que la précédente. […] C’est le premier ouvrage de ce genre qu’on connaisse au théâtre. […] Cette façon de traiter le Misanthrope est la plus commune, la plus naturelle, et la plus susceptible du genre comique. […] Le public n’a point regretté que l’auteur ait négligé de finir cet ouvrage : il est dans un genre qui n’était point celui de Molière.

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