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105. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Or quelle invraisemblance y a-t-il qu’Orgon, dans son absolu et aveugle abandon, ait confié ses secrets et donné une partie de sa fortune à son dangereux séducteur ? […] Enfin, c’est à peine si l’on peut dire qu’elle est punie ; on sent bien que ce n’est pour elle qu’un échec momentané, mais qu’avec sa beauté, son esprit, sa grâce et sa fortune, elle n’aura pas de peine à reprendre le sceptre des salons et à gagner de nouveau le cœur des hommes, et cependant on ne surprend en elle aucun vestige de remords, pas l’ombre d’un sentiment généreux ; le cœur est absolument vide. […] Comme elle, elle se retire devant sa défaite ; l’une sauve sa beauté, sa jeunesse, sa royauté féminine ; l’autre sauve sa fortune.

106. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Voilà un pauvre homme à bonnes fortunes, et il n’y a pas tant là de quoi se vanter. […] L’un et l’autre méprisent les femmes, mais le premier n’en use que pour son propre plaisir, il les adore ; le second s’en sert pour gagner une fortune, il les avilit. […] Caractère de l’ouvrage Au temps de Molière, dans cette société où les hiérarchies sociales étaient si bien gardées, où c’était plus qu’un crime, c’était une faute de les violer, on sentait vivement le ridicule de George Dandin, s’ingérant d’épouser une demoiselle pour décrasser sa fortune. […] Le jeune fils, dont Tartuffe traverse les desseins et convoite la fortune, est profondément irrité contre lui ; il s’emporte en des colères de jeune coq, et ne parle que de lui couper les deux oreilles. […] Elle ne sait rien des turpitudes de ce Dorante qui lui fait la cour ; elle accepte ses dîners et ses cadeaux sans se douter qu’un autre les paie ; elle rit du bourgeois gentilhomme sans soupçonner que le plus clair de sa fortune vient de lui ; elle ne songe qu’au mariage, qui raccommode toute chose.

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