Sa famille qui le destinoit à la charge de son pere, en obtint pour lui la survivance ; mais la complaisance qu’avoit euë son grand-pere, de le mener souvent à l’hôtel de Bourgogne, ayant déjà commencé à développer en lui le goût naturel qu’il avoit pour les spectacles, il conçut un dessein fort opposé aux vûës de ses parens ; il demanda instamment, & on lui accorda avec peine, la permission d’aller faire ses études au collége de Clermont. […] Les nuances étoient trop fines pour frapper des spectateurs accoûtumés à des couleurs plus fortes. […] Il n’étoit ni trop gras, ni trop maigre ; il avoit la taille plus grande que petite, le port noble, la jambe belle ; il marchoit gravement, avoit l’air très-sérieux, le néz gros, la bouche grande, les lévres épaisses, le teint brun, les sourcils noirs & forts, & les divers mouvemens qu’il leur donnoit lui rendoient la phisionomie extrêmement comique. […] Il aimoit fort à haranguer ; &, quand il lisoit ses piéces aux comédiens, il vouloit qu’ils y amenassent leurs enfans, pour tirer des conjectures de leurs mouvemens naturels. […] Une voix sourde, des infléxions dures, une volubilité de langue qui précipitoit trop sa déclamation, le rendoient, de ce côté, fort inférieur aux acteurs de l’hôtel de Bourgogne.
Comme il étoit fort dissipé, il rendoit à Moliere ce qu’il avoit vu, & Moliere le mettoit en œuvre.