/ 191
133. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Il faudra, de ci de là, le recrépir et le replâtrer un peu, tandis qu’il en est d’autres qui devront être refaits de fond en comble. […] Tout s’explique, lorsque, allant au fond des choses, on voit que c’est pour lui-même, par simple précaution, que Jean Poquelin a pris cette mesure. […] Ne font-ils pas trop grand cas de ceux à qui ils parlent et qu’ils se sont choisis pour auditeurs, du fond de leur esprit ? […] Du reste, en ces matières religieuses, il était, au fond, d’opinion assez indépendante. […] Il prend un à un tous les chagrins accumulés au fond de son cœur, et dont la somme accablante pèse d’un si grand poids sur sa pensée.

134. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Mais si jamais la définition de la misanthropie donnée par Béranger a été juste, assurément c’est pour ce misanthrope-là : « La misanthropie, disait le chansonnier, n’est qu’un amour rentré. » Toute la haine de Molière venait, en effet, de son trop-plein d’amour qu’il lui fallait refouler au profond de son cœur et laisser s’aigrir, comme une liqueur au fond d’un vase. […] Ce misérable Kotzebue, par exemple, qui écrivit Misanthropie et repentir, était un chantre de l’humanité heureuse, parfaite, morale ; il se disait plein de mansuétude pour toute chose, et au fond, on sait trop ce qu’il aimait : l’argent et l’intrigue. […] Les infortunes conjugales de Molière forment d’ailleurs le fond ordinaire des pièces dirigées contre l’auteur de L’École des maris. […] Il avait les yeux collés sur trois ou quatre personnes de qualité qui marchandaient des dentelles ; il paraissait attentif à leurs discours et il semblait, par le mouvement de ses yeux, qu’il regardait jusqu’au fond de leurs âmes pour y voir ce qu’elles ne disaient pas ; je crois même qu’il avait des tablettes et qu’à la faveur de son manteau, il a écrit, sans être aperçu, ce qu’elles ont dit de plus remarquable. » Est-il possible d’oublier ces yeux collés, ce regard qui va jusqu’au fond des âmes ? […] L’horloge qui orne le fond du tableau a peut-être marqué l’heure où Molière acheva quelqu’un de ses chefs-d’œuvre.

/ 191