A la fin de la session, nous savons que le prince de Conti fit donner à Molière une assignation de 5000 livres sur le fonds des étapes de la province. […] Le prince de Conti n’était plus là… À la fin de 1657, Molière est à Avignon, où il connaît Mignard, qui revient d’Italie, puis la troupe passa le carnaval de 1658 à Grenoble ; de là, quittant enfin le midi de la France, pour venir chercher bientôt à Paris la consécration de la gloire qu’elle s’était acquise dans les provinces, elle se rendit à Rouen, — qui jadis avait été la scène des premiers essais de l’Illustre Théâtre — en attendant que la salle des Métayers fût prête. […] Or les Bordelais ont commencé à se soulever contre le duc à la fin de 1648. […] Une comédie étant obligée de finir, il est bon que l’auteur avertisse, par la faiblesse même de son dénouement, que cette fin n’est pas vraie, mais seulement obligatoire. — Molière, semble-t-il, n’a pas eu cette intention nette ; il a accordé peu d’attention au dénouement, parce que c’est une pièce essentielle de l’intrigue, et que l’intrigue est pour lui chose secondaire. […] Qu’on dise, si l’on veut, que le genre comique, par sa définition même, ne comporte pas de délicatesse ; que Marivaux a profité de toutes les fines « études » de femmes qu’a faites Racine dans ses tragédies ; il n’en est pas moins vrai que Molière n’a usé d’aucune subtilité pour comprendre ni pour décrire l’âme féminine, et que les devoirs dont il semble conseiller la pratique aux femmes sont très dépourvus de nuances.
Molière était lui-même embarrassé comment il les ramènerait ; et à la fin fatigué des discours de ses Comédiens, il dit à la Du-Parc, et à la Béjart, qui le tourmentaient le plus, qu’il ne savait qu’un moyen pour l’emporter sur Scaramouche, et gagner bien de l’argent : que c’était d’aller bien loin pour quelque temps, pour s’en revenir comme ce Comédien ; mais il ajouta qu’il n’était ni en pouvoir, ni dans le dessein d’exécuter ce moyen, qui était trop long ; mais qu’elles étaient les maîtresses de s’en servir. […] Et des efforts qu’il faisait pour se retenir dans la prononciation ; il s’en forma un hoquet, qui lui demeura jusqu’à la fin. […] À la fin ne sachant plus que dire sur le Mogol, il offrit ses soins à Molière. ― Oh ! […] Un jour qu’il dînait en nombreuse compagnie avec Mr le marquis de M***1, dont le Page, pour tout domestique, servait à boire, il souffrait de n’en point avoir aussi souvent que l’on avait accoutumé de lui en donner ailleurs ; la patience lui échappa à la fin. ― Eh ! […] Mr des P**g le rencontrant un jour au Palais lui en parla à cœur ouvert. ― Est-il possible, lui dit-il, que vous ne reviendrez point de cette fatigante crapule qui vous tuera à la fin ?