» La réponse à cette judicieuse objection sera on ne peut plus facile. […] Il la trouve et il la montre dans les faux semblants des amitiés du monde, dans ces faciles concessions, faux-fuyants des cœurs faibles, qui, par crainte d’entrer en lutte avec le vice, transigent tacitement avec lui et se font ses complices, à force de lui être complaisants. […] Là encore, il ne put s’empêcher de faire sentir, par quelque endroit, l’impression sous laquelle il se trouvait quand elle fut écrite, et l’espèce de violence qu’il avait dû s’imposer pour composer cette suite de scènes si faciles pourtant et si riantes. […] Il céda presque, tant il est vrai que les esprits ardents sont faciles à se laisser solliciter par tout ce qui peut leur sembler un glorieux exercice, tant il est vrai que nous recherchons toujours plus volontiers ce qui nous est contraire. […] Voltaire, dans sa jeunesse, fut encore à même de vérifier ce que je disais tout à l’heure au sujet des petites intercalations malicieuses, si faciles dans les comédies non rimées.
. — Facile, coulant, élégant même, laissant remarquer peu de négligences, encore faut-il les reprocher moins à l’auteur qu’au temps où il écrivait. […] bouteille, ma mie, Pourquoi vous videz-vous, voulut embarrasser Molière, en lui soutenant qu’il l’avait imité d’une chanson latine ; il eût, je pense, été facile à notre auteur de prouver le contraire, en avouant qu’il en avait pris l’idée dans une comédie de Larivey. […] L’infortune du général thébain n’est pas non plus facile à saisir et à peindre ; combien de comédiens ne savent pas la distinguer de celle qu’éprouve George Dandin ! […] L’exposition. — Elle n’a qu’un défaut, l’intrigante Nérine y est annoncée avec plus de prétention que Sbrigani, et les comédiens rendent ce vice dramatique plus sensible, puisqu’ils condamnent Nérine à l’inutilité ; il serait si facile de lui faire jouer l’une des femmes qui accusent de polygamie Monsieur de Pourceaugnac ! […] Il est dans cette pièce des rôles bien faciles à jouer, Oronte s’y rapproche de nos Cassandre, Éraste et Julie n’ont qu’à seconder Sbrigani, mais Pourceaugnac offre les plus grandes difficultés ; on n’est pas aisément bête pendant cinq actes, et l’acteur est perdu, si quelques naïvetés, son étonnement continuel et même sa lassitude, ne viennent au secours de sa balourdise, et ne lui prêtent du comique en la variant.