Ces quatre vers sont revenus bien souvent à mon souvenir ; ils expriment à merveille et d’une façon très poétique ce besoin de vivre un moment, chaque matin, même à la condition certaine de mourir éternellement chaque soir. — Quæ lucis miseris tam dira cupido ? […] Mais en général, il me paraît, jusque dans sa prose, ne parler point assez simplement pour exprimer toutes les passions. […] Cette définition du Cid de Corneille est très belle, sans doute ; mais écoutez ce qui suit ( erudimini qui tragidificatis ) : « Si l’auteur d’une tragédie ne sait pas intéresser le spectateur, l’émouvoir, le transporter de la passion qu’il a voulu exprimer, où tombe-t-il, si ce n’est dans le froid, dans l’ennuyeux, dans l’insupportable ? […] « Si les nudités causent naturellement ce qu’elles expriment, combien plus sera-t-on touché des expressions du théâtre, où tout paraît effectif, où ce ne sont point des traits morts et des couleurs sèches qui existent, mais des personnages vivants, de vrais yeux, ou ardents, ou tendres, ou plongés dans la passion ; de grandes larmes dans les acteurs, qui en attirent d’autres dans ceux qui regardent, et puis de vrais mouvements qui a mettent en feu le parterre et toutes les loges ! […] Ce qui est très vrai et magnifiquement exprimé ; il termine par conjurer le théatin d’abjurer ces exécrables doctrines, et vous jugez s’il parlait à un converti !
N’étant plus contenus par les mœurs et les traditions d’un siècle où les rangs demeuraient distincts, ces Alcestes de l’avenir exprimeront, à la veille et au lendemain d’une révolution sociale, l’attente oisive ou l’impatience déréglée des âmes désorientées, qui flotteront de l’utopie à la colère, et de l’incrédulité à l’enthousiasme. […] Dans sa comédie des Esprits, il exprimait, à la suite de Plaute, le désespoir d’un ladre qui cache dans un trou une bourse de deux mille écus, la retrouve pleine de cailloux, et veut alors faire emprisonner la ville et les faubourgs. […] La pudeur de l’esprit En effet, ne croyons pas que les idées de Molière sur l’éducation des femmes soient exprimées ici par Chrysale, ce bourgeois épais qui, attribuant à la science les malheurs de son pot-au-feu et le sot mariage de sa fille, vante l’ignorance comme le seul remède de ses disgrâces conjugales et paternelles182. […] Toutefois, en acceptant la doctrine de Clitandre, exprimons un regret. […] Tous les mots qui expriment cette intention sont attendus comme des traits de nature.