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132. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Cotin* avait introduit Ménage* chez Madame de Rambouillet : ce dernier allant voir cette Dame après la première représentation des Femmes Savantes où elle s’était trouvée, elle ne put s’empêcher de lui dire : Quoi ! […] Molière, qui aimait fort la harangue, en alla faire une à la tête des Gendarmes, et leur dit, que ce n’était ni pour eux, ni pour les autres personnes qui composaient la Maison du Roi, qu’il avait demandé à Sa Majesté un ordre pour les empêcher d’entrer à la Comédie ; que sa Troupe serait toujours ravie de les recevoir quand ils voudraient les honorer de leurs présence ; mais qu’il y avait un nombre infini de malheureux qui tous les jours, abusant de leurs noms et de la bandoulière de Messieurs les Gardes-du-Corps, venaient remplir le Parterre, et ôter injustement à la Troupe le gain qu’elle devait faire ; qu’il ne croyait pas que des Gentils-hommes qui avaient l’honneur de servir le Roi, dussent favoriser ces misérables contre les Comédiens de Sa Majesté ; que d’entrer au Spectacle sans payer, n’était point une prérogative que des personnes de leur caractère dussent ambitionner, jusqu’à répandre du sang pour se la conserver ; qu’il fallait laisser ce petit avantage qui n’ayant pas le moyen de dépenser quinze sols, ne voyaient le spectacle que par charité. […] Je dis à M. le Premier Président de Lamoignon*, lorsqu’il empêcha qu’on le jouât, que c’était une Pièce dont la morale était excellente, et qu’il n’y avait rien qui ne pût être utile au Public ». […] Tome III, p. 348 1705, Grimarest, p. 85-67 Baron* annonça un jour à Molière, un homme que l’extrême misère empêchait de paraître. « Il se nomme Mondorge156 », ajouta-t-il. « Je le connais, dit Molière ; il a été mon camarade en Languedoc ; c’est un honnête-homme. […] Ce qui n’empêcha pas ce dernier de se souvenir, en composant son Dom Juan, du Festin de Pierre de Villiers, joué à l’hôtel de Bourgogne en 1660.

133. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

D’autres raisons encore l’empêchaient d’accepter : il aimait le théâtre, il se sentait roi dans sa petite république, il se plaisait à faire des harangues. […] Il s’y promenait au milieu des fleurs, mais quelquefois sans les voir; il pensait à celle qui faisait son malheur et qu’il ne pouvait point s’empêcher d’aimer. […] Je ne sais comment on a pu en empêcher si longtemps la représentation. […] Cette apparence de retour n’avait donc été pour lui qu’un simple traitement, un régime en quelque sorte pour l’empêcher de mourir ! […] Boileau, tout attendri, ne put s’empêcher de lui dire, avec des larmes dans les yeux : « - Mon pauvre Monsieur Molière, vous voilà dans un pitoyable état.

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