Harpin, le receveur des tailles, qui avale les politesses impertinentes de M. le conseiller Tibaudier, et qui dépense le plus pur de son esprit pour madame la comtesse d’Escarbagnas, qui daigne sourire à ses « petites drôleries », et dit, devant ce poètereau, qu’elle arrive de Paris, où elle a causé avec des gens illustres, de grande renommée et de grand génie, les seuls dignes d’elle, Benserade, Scarron, La Calprenède, etc. […] Je ne veux pas dire absolument qu’il y a un type et un idéal supérieur de vertu qui a tout à fait manqué aux femmes de Molière ; j’en excepte deux : Dona Elvire, qui devient tout à coup si fière et si digne ; avec quelle fermeté elle arrache de son cœur sa passion pour son indigne époux ! […] Il n’a jamais écrit de morceau plus joli, c’est le plus achevé de tous, le plus digne d’être mis, comme facilité de langage poétique, à côté des plus jolis morceaux de Regnard. […] Ils n’opposent aux coups que des raisonnements métaphysiques et alambiqués sur la poltronnerie des braves, comme fait Sosie, et sur le cœur qui …… est digne de blâme Contre les gens qui n’en ont pas. […] Il est parfaitement scélérat, et l’athéisme est une partie de sa scélératesse : l’athéisme est aussi parfaitement mêlé dans la trame de sa scélératesse que les maximes ridicules ou odieuses de dévotion le sont dans la trame de Tartuffe : son rôle d’ailleurs n’est pas en cela moins digne d’attention que celui de Tartuffe.
« Pourceaugnac est une farce, dit Voltaire ; mais il y a dans toutes les farces de Molière des scènes dignes de la haute comédie. […] Il lui en coûtait moins de faire quelque anachronisme ou quelque faute de costume : témoin La Princesse d’Élide, sujet des premiers âges de la Grèce, où il introduisit un fou de cour, quoique cette espèce d’office n’eût été créée que dans les temps de la barbarie féodale, dont elle était assurément bien digne.