Une Dame galante, contrefaisant la dévote & la prude, se servit du ministere d’un Religieux pour faire réussir les affaires de son amant. Il y eut autrefois à Florence une Dame de qualité, que je ne veux pas nommer, parcequ’elle a des parents considérables qui vivent encore. […] La Dame devint passionnément amoureuse d’un jeune homme qu’elle voyoit souvent passer sous ses fenêtres ; mais elle ne savoit pas comment l’instruire de son bonheur. […] La Dame ajouta, en se retirant : « S’il nie la chose, mon Révérend Pere, vous pouvez lui dire que c’est de moi dont vous la tenez, & que je vous en ai fait mes plaintes ». Le même jour le jeune homme vint voir le Pere, qui, après une longue conversation, lui fit une très grave censure sur les prétendues persécutions qu’il faisoit à la Dame.
Je m’étois attaché tout à la fois à deux Dames fort aimables ; l’une étoit brune & l’autre blonde : leurs appas différents ne donnoient aucun avantage dans mon cœur à l’une sur l’autre, & ne servoient qu’à me tenir dans l’équilibre, & à me les faire aimer toutes deux également. […] Ces Dames m’envelopperent, tout habillé que j’étois, je crois, avec plus de cent aunes de toile coupée comme des langes : elles ne pouvoient pas se lasser de faire avec ce linge des tours autour de moi. […] Je les priai vainement de me dégager seulement un bras, une main, un doigt ; je faisois les plus grands efforts du monde pour me débarrasser de mes liens ; jusques-là que les Dames crurent, peu de temps après, que je les avois rompus. […] Cette nuit fut délicieuse à la malignité & à la vengeance des Dames. […] Sur les huit heures du matin, une vieille vint me démaillotter ; & lorsque je lui demandai où étoient les Dames : elles sont bien loin, me dit-elle ; elles doivent à présent être arrivées à Paris.