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83. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Le dénouement de l’Ecole des Maris, vanté par beaucoup de critiques, n’est pas exempt de ce sans-façon ; cependant le spectateur est si satisfait de voir le tuteur d’Isabelle puni de sa rigueur, qu’il fait bon marché du reste ; il admet aisément le commode voisinage du commissaire, du notaire et du frère. […] L’intrigue, savamment combinée est pleine d’intérêt, depuis l’exposition, si vive et si théâtrale, jusqu’au dénouement, l’un des plus adroits et des plus heureux du monde. Le seul reproche qu’on puisse faire à ce dénouement, c’est d’être compliqué d’une certaine cassette dont il n’a été que fort peu question, et qui donne matière à Tartufe d’accuser Orgon près du roi. Cette cassette ne joue pas un rôle assez actif dans les premiers actes ; mais aucun autre dénouement n’était possible; celui-là avait, de plus, le mérite d’être un passeport à la comédie de Molière. […] Il existe au dénouement une différence notable.

84. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Le théâtre fut désert dès le troisième joura… Si on osait chercher dans le cœur humain la raison de cette tiédeur du public aux représentations du Misanthrope, peut-être les retrouverait-on dans l’intrigue de la pièce, dont les beautés ingénieuses et fines ne sont pas également vives et intéressantes ; dans ces conversations mêmes qui sont des morceaux inimitables, mais qui n’étant pas toujours nécessaires à la pièce, peut-être refroidissent un peu l’action, pendant qu’elles font admirer l’auteur ; enfin, dans le dénouement qui, tout bien amené, et tout sage qu’il est, semble être attendu du public sans inquiétude, et qui venant après une intrigue peu attachante, ne peut avoir rien de piquant. […] Il a épuisé toutes les matières qui lui ont pu fournir quelque chose ; et si les critiques n’ont pas été entièrement satisfaits du dénouement de quelques-unes de ses comédies, tant de beautés avaient prévenu pour lui l’esprit de ses auditeurs qu’il était aisé de faire grâce à des taches si légères. […] « [*] Le Sicilien, ou l’Amour peintre suivit de près les représentations (de la Pastorale comique, et la pastorale héroïque de Mélicerte), c’est une comédie d’intrigue, dont le dénouement a quelque ressemblance avec L’École des maris, du moins par rapport au voile qui trompe Dom Pedre dans Le Sicilien, comme il trompe Sganarelle dans L’École des maris. […] « À n’envisager cette réflexion qui achève le dénouement que du côté de la plaisanterie, l’on avouera qu’il était difficile de terminer plus finement, sur le théâtre français, une intrigue aussi galante. […] L’éloge de Louis XIV, placé à la fin de la pièce, dans la bouche de l’Exempt, ne peut justifier, aux yeux des critiques, le vice du dénouement. » Après avoir rapporté les sentiments des plus éclairés connaisseurs sur la comédie du Tartuffe, il ne sera pas hors de place d’y joindre quelques passages de la préface que Molière mit au-devant de cette pièce lorsqu’il la fit imprimer.

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