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95. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Cet amour, mal entendu et poussé jusqu’à l’excès qu’on appelle égoïsme, a produit, dans Orgon, cette préoccupation imbécile qui lui fait sacrifier sa famille entière à un misérable qu’il croit nécessaire au salut de son âme ; et, dans Argan, cette manie pusillanime qui le porte à marier l’aînée de ses filles à un sot, et à les déshériter toutes deux au profit d’une marâtre, afin de se mieux assurer les soins dont il croit avoir besoin pour la santé de son corps. […] Ces charitables filles lui avaient donné de leur mieux les secours de l’âme et du corps ; et c’est entre leurs bras qu’il était mort, étouffé par le sang qui sortait à grands flots de sa bouche. […] Les pieux empressements de l’amitié suppléèrent aux pompes religieuses ; Deux cents personnes, ayant chacune un flambeau à la main, suivirent le corps, que deux prêtres seulement conduisaient de nuit et en silence, selon les ordres de l’archevêque. […] Voici de quelle manière La Grange, témoin sans doute de la mort de Molière, consigne cet événement dans le Registre qu’il tenait jour par jour : Ce même jour (vendredi 17 février 1675), après la comédie, sur les dix heures du soir, M. de Molière mourut dans sa maison, rue de Richelieu, ayant joué le rôle du malade imaginaire, fort incommodé d’un rhume et d’une fluxion sur la poitrine qui lui causait une grande toux ; de sorte que, dans les grands efforts qu’il fit pour cracher, il se rompit nue veine dans le corps, et ne vécut pas demi-heure ou trois quarts d’heure depuis ladite veine rompue ; et son corps est enterré à Saint-Joseph, aide de la paroisse Saint-Eustache. […] Vu ladite requête, ayant aucunement égard aux preuves résultantes de l’enquête faite par mon ordonnance, nous ayons permis au sieur curé de Saint-Eustache de donner la sépulture ecclésiastique au corps de défuntMolière dans le cimetière de la paroisse, à condition néanmoins que ce sera sans aucune pompe, et avec deux prêtres seulement, et hors des heures du jour, et qu’il ne se fera aucun service solennel pour lui, ni dans ladite paroisse Saint-Eustache, ni ailleurs, même dans aucune église des réguliers ; et que notre présente permission sera sans préjudice aux règles du rituel de notre église, que nous voulons être observées selon leur forme et teneur.

96. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

C’est un endroit où l’on souffre toute la lassitude, toute la fatigue, tout l’épuisement dont le corps & les membres sont capables......

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