Il n’est pas seulement auteur ; il est acteur, homme de théâtre ; il sait ce qui convient au spectateur, ce qui porte sur lui. […] Sa morale, parce qu’elle est celle de la droite raison et du bon sens, est celle qui convient à tout le monde. […] Elle convient encore à la foule, parce qu’elle ne lui propose pas des problèmes rares, exceptionnels ; elle lui soumet des questions qui intéressent sa vie quotidienne et elle lui offre en même temps les solutions les plus sensées, parce que les plus logiques et les plus naturelles. […] Il y a, en effet, une peinture du cœur qui en est plutôt une analyse, une anatomie ; et cette peinture toute en traits légèrement indiqués, en menus détails, que nous admirons par exemple dans les romans de Mmede La Fayette, ne convient guère à l’esthétique du théâtre. […] Mais il est un don qui nous appartient en propre, que nos origines multiples, fondant en un tout harmonieux dans la nôtre les caractères des autres races, ont développé chez nous à un degré suprême ; c’est le don de la mesure et de la proportion ; c’est le sentiment inné de ce qui convient dans l’ordre moral comme dans l’ordre intellectuel, dans le domaine social comme dans celui des Arts et des Lettres.
On dit cependant que les comédies à caractere doivent être écrites en vers, & que la prose convient mieux aux farces, ou aux pieces vivement intriguées. […] Convenons cependant qu’une piece versifiée a un mérite de plus. […] pour décider si les vers alexandrins conviennent mieux à la comédie que les vers libres. […] Quelques titres honteux qu’en tous lieux on lui donne, Son misérable honneur ne voit pour lui personne : Nommez-le fourbe, infame, & scélérat maudit, Tout le monde en convient, & nul n’y contredit.