Consultons les personnes les plus dignes de foi sur cet article, l’Editeur des œuvres de Moliere, & M. de Voltaire, qui a fait des réflexions sur toutes les comédies de ce grand homme. […] « L’Auteur, qui par de solides raisons & par sa propre expérience avoit appris à distinguer ce qui convenoit aux différents théâtres pour lesquels il travailloit, ne crut pas devoir hasarder cette comédie sur le théâtre de Paris ; il ne la fit pas même imprimer dans sa nouveauté, quoiqu’elle ne soit pas sans beauté pour ceux qui savent se transporter aux lieux, aux temps & aux circonstances dont ces sortes de divertissements tirent leur grand prix ». […] Si nous n’avons point parlé des Fâcheux dans ce chapitre, c’est que nous destinons cette piece à servir d’exemple pour les comédies à scenes détachées.
On ne manquera pas de répondre « que la comédie des Fâcheux est épisodique ; qu’il seroit bien désagréable, lorsqu’on a plusieurs petits caracteres à placer, de ne pouvoir faire que des pieces à scenes détachées ». […] Cette comédie peut encore nous enseigner l’art de faire entrer plusieurs caracteres dans une même piece. Alceste, n’ayant pas un de ces caracteres communs, dont le genre humain présente des modeles à chaque pas, dont les traits marqués rendent la peinture plus facile & diminuent le travail du peintre, Moliere ne pouvoit par conséquent se flatter d’en faire l’unique objet d’une comédie en cinq actes.