C’est en vain qu’Arnolphe, après s’être aliéné le cœur d’Agnès, cherche à le saisir par des protestations amoureuses. Si l’on fait tant que de s’aliéner le cœur de son semblable, il est difficile de parvenir à se l’attacher. […] Il a flatté deux passions puissantes du cœur humain : l’orgueil et la vanité. […] Cette scène est aussi admirable au point de vue de la science du cœur qu’au point de vue littéraire. […] Dans la science du cœur humain, répéterai-je encore ici, il est bien difficile de surprendre Molière en défaut.
Bien plus, la jolie et coquette Armande, qui s’est laissée prendre aux célestes théories De l’union des cœurs où les corps n’entrent pas499, y perd un honnête mari et le bonheur domestique. […] Et que sont les soucis matériels, auprès de tous ceux de l’esprit et du cœur, l’ennui, le dégoût, l’irritation, la haine même qui résulte du choc journalier des caractères ; sans compter les inquiétudes, les douleurs , les jalousies, les infidélités et les coups ? […] comme leurs caractères sont faits pour se plaire, et leurs cœurs pour se comprendre519 ! […] On n’a pas de paroles pour faire ressortir la délicatesse et la perfection de cette morale supérieure, sentie par un cœur d’une honnêteté rare, comprise par un génie d’une étendue étonnante, exprimée par un talent sans égal. […] « La possession d’un cœur est fort mal assurée lorsqu’on prétend le retenir par force568. » « Le cœur est ce qu’il faut gagner569 ; c’est le cœur qu’il faut arrêter par la douceur et la complaisance570. » XX.