Au fond il aimait qu’on se moquât de tout le monde excepté de lui et des ministres qu’il choisissait. […] Choisit-on qui l’on veut aimer ? […] La comédie c’est Philaminte altière et dominatrice qui a des prétentions à l’infaillibilité, qui prétend marier sa fille avec qui elle a choisi et qui en définitive éprouve cette défaite que c’est son mari si méprisé d’elle qui se trouve avoir eu raison et que c’est elle qui se trouve avoir été aveugle et sotte. […] C’est une chose très significative, nous dit-on, que très souvent pour soutenir la thèse à laquelle il tient, Molière ait choisi des servantes. […] Il choisit deux ou trois jours dans toute l’année, où, à propos de rien, il jeûne et fait abstinence ; mais à la fin de l’hiver, il tousse, il a une mauvaise poitrine, il a des vapeurs, il a eu la fièvre : il se fait prier, presser, quereller, pour rompre le carême dès son commencement, et il en vient là par complaisance.
— Il poursuit ; il raconte son entreprise ; il veut une moitié qui dépende toute de lui ; celle qu’il a choisie lui inspira de l’amour dès quatre ans ; il l’a achetée de sa mère, une bonne paysanne, qui, dit-il, A s’ôter cette charge eut beaucoup de plaisir. […] Par malheur il a eu soin de choisir, pour veiller sur son innocente, deux valets aussi simples qu’elle ; et ces deux naïfs, disputant à qui n’ouvrira pas, laissent pester leur maître un bon quart d’heure à la porte. […] Si cela vous paraît trop brutal, ajoutez, comme on fait en France, au devoir essentiel de la femme, qui est de plaire à l’homme, le droit de choisir et d’ajuster les chiffons grâce auxquels elle croira lui plaire davantage.