M. de Saint-Evremond, écrivant à M. de Lionne74 en 1668 ou 1669, lui dit en parlant d’Andromaque : « Vous avez raison de dire que cette pièce est déchûë par la mort de Montfleury : car elle a besoin de grands comédiens qui remplissent par l’action ce qui lui manque… Attila 75, au contraire, a dû gagner quelque chose par la mort de cet acteur. […] Il ne la fit pas même imprimer137, quoi qu’elle ne soit pas sans beautés pour ceux qui sçavent se transporter aux lieux, aux temps et aux circonstances dont ces sortes de divertissemens tirent leur plus grand prix » Dans l’Etourdi, qui est la premiere comedie de Moliere, on doit observer que le valet fourbe ne fait pas l’intrigue de la fable, comme il le paroît d’abord ; car il imagine toutes ses fourberies avec tant de jugement qu’il n’auroit besoin que de la premiere pour arriver à ses fins ; mais, l’étourdi détruisant par son caractère tout ce que fait le valet, et ce valet se piquant de réussir, ils composent tous deux une intrigue, dont on peut dire que le caractère de l’Etourdi est le premier mobile. […] Est-il besoin d’ajouter que cette légende a fait son temps ?
Auger dans l’avertissement de celle qu’il a publiée, que dans toutes les éditions, sans en excepter les plus belles et les plus estimées, le texte est scandaleusement défiguré ; et pour prouver cette assertion je n’ai besoin que de l’expliquer… Molière ne s’est jamais occupé de donner une édition de ses Œuvres. Celles de ses comédies qui avaient obtenu du succès étaient imprimées séparément et à mesure, probablement d’après son manuscrit et sous ses yeux ; et ces éditions de pièces détachées se répétaient autant de fois que le besoin s’en faisait sentir. […] Molière n’avait voulu attaquer que d’une manière générale le vice le plus funeste à la société, mais le public d’alors s’amusa à faire des applications ; un abbé Roquette fut victime de ce besoin de personnalités.