Les romantiques faisaient alors grand bruit ; on les recherchait, et beaucoup de nos généraux de l’empire mis à la retraite, retrouvant sans doute dans les spéculations de la Bourse quelques-unes des émotions des champs de bataille, s’y livraient avec la plus vive ardeur. […] S’il suffisait, pour mériter ce titre, de détester le vice ou de déclamer contre les vicieux, en vérité on l’obtiendrait sans beaucoup de peine. […] Molière, en nous en montrant toute la fausse vertu, toute la fausse sagesse, ne pouvait pas donner de leçon plus utile ; car, pour n’être, si l’on veut, qu’un défaut de l’esprit, la misanthropie exerce peut-être sur les mœurs une influence plus lâcheuse que beaucoup de nos vices dont la laideur même est un puissant préservatif contre leur imitation. […] Ainsi, pour en donner une juste idée, il ne faudrait pas, à l’exemple de beaucoup de comédiens, débiter certains passages du rôle avec cet accent tendre et véhément que d’ordinaire on emploie au théâtre pour exprimer les élans d’un amour honnête. […] On le concevrait de la part de Tartuffe si, dans une circonstance moins critique, et en présence beaucoup de personnes, il avait intérêt à produire sur elles une certaine impression ; mais ici rien ne l’oblige à faire du dramatique et à se poser de la sorte.
Cette nouvelle façon de traiter en détail nos foiblesses ne pourroit manquer d’attirer beaucoup de monde au spectacle, parcequ’il suffiroit d’avoir vu une premiere piece, pour ne pouvoir résister à la tentation de connoître la suite.