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216. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

Il se rend chez sa belle, portant avec lui du gibier & de beaux chapons, pour faire bonne chere. […] voilà un beau discours ! […] Voyons un peu tes belles raisons »... […] D’un autre côté, le marchand d’esclaves presse Phédria, & le menace de vendre la belle dont il est amoureux, s’il ne lui donne pas bien vîte de l’argent. […]   Qu’on lise Moliere, en comparant le plan de ces deux pieces, on conviendra, & je suis obligé de l’avouer moi-même, malgré mon enthousiasme pour Moliere, on conviendra, dis-je, que le plan de Térence l’emporte de beaucoup sur celui de Moliere, sur-tout si l’on se transporte au temps où les belles esclaves étoient en possession de faire tourner la tête à la jeunesse, & devenoient les héroïnes de toutes les aventures amoureuses.

217. (1739) Vie de Molière

Les bonnes pièces sont en France, et les belles salles en Italie. […] La disproportion d’âge, et les dangers auxquels une comédienne jeune et belle est exposée, rendirent ce mariage malheureux ; et Molière, tout philosophe qu’il était d’ailleurs, essuya dans son domestique les dégoûts, les amertumes, et quelquefois les ridicules, qu’il avait si souvent joué sur le théâtre. […] Molière fut le premier qui fit sentir le vrai, et par conséquent le beau. […] On ne songeait pas que si une tragédie est belle et intéressante, les entractes de musique doivent en devenir froids ; et que si les intermèdes sont brillants, l’oreille a peine à revenir tout d’un coup du charme de la musique à la simple déclamation. […] L’oreille est aussi plus flattée de l’harmonie des beaux vers tragiques, et de la magie étonnante du style de Racine, qu’elle ne peut l’être du langage propre à la comédie ; ce langage peut plaire, mais il ne peut jamais émouvoir, et l’on ne vient au spectacle que pour être ému.

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