L’art seul de la comédie, le plus beau sans contredit, & le plus difficile, victime du caprice, de la frivolité de chaque particulier, passe rapidement de l’enfance à la vieillesse, retombe dans l’enfance, & prend alternativement, dans un court espace de temps, cent formes différentes. […] On a beau dire que la nature & la vérité ne se montrent jamais sans être apperçues ; on les goûte plus ou moins, selon qu’on est plus ou moins instruit. […] Je demande présentement s’il ne joue pas un plus beau rôle que l’étourdi qui a décidé si lestement.
La plus belle scène de l’ouvrage peut-être, celle du moins où le comique a le plus de force et de profondeur, la scène où le fils d’Harpagon reconnaît dans son père même l’infâme usurier qui travaille à sa ruine, n’appartient pas à Molière : il l’a prise et ne l’a pas prise seule dans La Belle Plaideuse, de Boisrobert, homme à bons mots, mais auteur plus médiocre encore que fécond, qui n’avait sans doute vu qu’une situation propre à exciter le rire, là même où son heureux plagiaire trouva la matière d’une des plus hautes leçons que puisse donner le théâtre. […] L’amour d’Harpagon pour Mariane est donc un autre genre d’épreuve où est mis son amour pour l’or ; mais c’est encore ce dernier qui triomphe, et c’est là sans doute sa plus belle victoire. […] La Relation qu’on va lire, écrite par Félibien4, parut, l’année suivante, en un volume grand in-folio, imprimé par Mabre-Cramoisy, et orné de cinq belles planches. […] Les ânes me mordront à belles dents, et les bœufs me perceront de leurs cornes. […] Les vers furent trouvés fort beaux ; la cour, en les applaudissant, les attribua, tout d’une voix, à Benserade, qui en reçut les compliments, et ne les repoussa pas assez franchement.