Est-ce sa faute, si un jeune homme amoureux est plus intéressant qu’un vieillard, si l’avarice est le défaut d’un âge avancé plutôt que de la jeunesse ? […] Chez lui jamais de ces Marquis burlesques, de ces vieilles amoureuses, de ces Aramintes folles à dessein ; personnages de convention parmi ses successeurs, et dont le ridicule forcé ne peignant rien, ne corrige personne.
Il suffit de dire ici qu’entre autres motifs de scène, il lui doit l’idée du fameux quiproquo entre Harpagon qui redemande sa cassette, et Valère qui vient s’excuser du commerce amoureux qu’il entretient avec Élise. […] C’est par un même trait de génie, et pour produire un même effet, que Molière a rendu Harpagon amoureux. […] Je ne conviendrai jamais que Clitandre et Angélique soient intéressants : Molière, qui possédait si bien l’art de rendre ses amoureux aimables, n’a répandu sur ceux-ci aucune de ces teintes douces et naïves qui donnent tant de charme à la peinture des autres ; mais il ne leur a pas imprimé non plus ce sceau de réprobation que tout vicieux doit porter à la scène, et qui, au milieu même de son triomphe, fait présager sa punition prochaine.