Ils lui jurent tous fidélité, amour, vénération ; ils auroient promis, s’il eût voulu, qu’ils l’adoreroient : les anciens sentiments qui avoient déserté leur cœur, revinrent ; je juge toujours par les apparences. […] L’avare Financier, d’une main de forfante, Lâche sur un contrat trois mille écus de rente ; On a de l’Auditeur Quarante mille écus en billets au porteur ; le Capitaine cede un coffret plein de neuf ou dix mille pistoles : & quand ils pensent venir recueillir le fruit de leur fausse générosité & de leur amour intéressé, on leur avoue le tour qu’on leur a joué.
Dans presque toutes ses meilleures comédies, on voit de jeunes amants sacrifiés par leurs parents, et sur le point d’être arrachés pour toujours à ce qu’ils aiment ; par la peinture de leur amour, des maux, des tourments qu’ils éprouvent, de ceux qu’ils se causent d’eux-mêmes, de leurs légères brouilleries et de leurs raccommodements, le cœur du spectateur est satisfait, en même temps que son esprit s’instruit et se forme. […] Les gens instruits, au contraire, pénétrés dès leur enfance de la lecture des grands écrivains, ont conservé, ont même augmenté cet amour que la nature nous a donné pour tout ce qui est essentiellement vrai et simple. Mais si le peuple a perdu cet amour du naturel, fondement de tous les arts, il n’en est pas de même des enfants, trop jeunes pour être parfaitement imbus de nos idées sociales : partout ils reconnaissent la nature.