Ami du plaisir, il respecta la décence ; chantre de l’Amour, il n’effaroucha point les Grâces. […] Tour à tour naïve, tendre, morale, et guerrière, elle fait éclore les idées les plus riantes et les sentiments les plus élevés ; elle inspire l’amour, cimente l’amitié, frappe le ridicule, enflamme le courage ; enfin, est à la fois l’interprète du cœur et l’organe de l’esprit. […] Quelle époque de corruption que celle où un homme d’honneur se croit perdu s’il laisse éclater son amour pour l’épouse qu’il a promis d’aimer !
Or, aux yeux de Molière, l’honneur est un sentiment naturel, comme l’amour. […] Ils croient que tout cède à leur perruque blonde Et pensent avoir dit le meilleur mot du monde Lorsqu’ils viennent, d’un ton de mauvais goguenard, Vous railler sottement sur l’amour d’un vieillard. […] Il s’est efforcé de mériter son amour et l’a obtenu : Moi ! […] Il ne veut détacher Orgon de sa famille que pour lui mieux ravir son bien ; mais, en définitive, les hommes pieux qui, par conviction religieuse, poussent une fille à renoncer à toute affection terrestre pour n’aimer que Dieu et assurer son salut, un père de famille à s’absorber dans l’amour divin au point d’oublier ses obligations terrestres, ne sont-ils pas, sinon aussi odieux que Tartuffe, du moins aussi nuisibles ? […] Molière connaît mieux les raisons qui jettent la plupart des femmes hors du monde : chagrin d’amour, dépit, persécutions d’une marâtre.