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128. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Croit-on qu’il soit bien utile encore de forcer le secret du ménage de Molière, et de relever le nom des amants d’Armande Béjart ? […] Parmi d’autres, plus ou moins intéressantes, j’en choisis trois, comme assez caractéristiques du genre et de leurs auteurs  : don Bertrand de Cigarral (1650), de Thomas Corneille ; don Japhet d’Arménie (1653), de Scarron, et l’Amant indiscret, de Quinault (1654). […] La parodie et le coq-à-l’âne en sont les sources ordinaires. — Voici le sujet de la pièce  : don Japhet, dans le bourg d’Orgas, adresse des propositions peu honnêtes à une jeune fille qui se trouve être l’enfant cachée d’un grand seigneur ; celui-ci la fait redemander ; Don Japhet la suit, on le berne, et un autre amant épouse la belle. — Il n’y a rien là qui nous change du Scarron de la Gigantomachie, qu’une certaine verve hors nature, contorsionnée, artificielle, et procédant sans cesse d’une manière analogue au calembour si faible  : Comment vas-tu, yau de poële ? […] I, et l’Amant indiscret, acte III, sc. […] Dans l’Amant indiscret, on retrouve la donnée de l’Etourdi de Molière  : le valet de Cléandre imagine pour favoriser l’amour contrarié de son maître une série de stratagèmes que Cléandre rend inutiles par son manque de discrétion.

129. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

L’amour satisfait et tranquille ne peut convenir qu’aux amants mêmes : encore en pourrait-on douter, car c’est un état dans lequel ils ne sauraient demeurer longtemps. […] Cette seule découverte serait déjà fort précieuse, puisque, s’il devait subsister toujours que Molière fut successivement l’amant de la mère et le mari de la fille, du moins tout soupçon d’inceste serait à jamais détruit. […] L’épicurisme relâché de Ninon84 et de ses amis, qui avaient été presque tous ses amants, n’était pas tout-à-fait celui de Molière. […] Chacun sait que Louis XIV indiqua à Molière le personnage du chasseur dans Les Fâcheux, et qu’il lui fournit le sujet des Amants magnifiques. […] Il est certain toutefois que Molière, amoureux et jaloux d’une épouse coquette, eut occasion de mettre quelque chose de ses sentiments dans la bouche d’Alceste, amant de Célimène.

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