Mais Molière est, de tous ceux qui ont jamais écrit, celui qui a le mieux observé l’homme, sans annoncer qu’il observait; et même il a plus l’air de le savoir par cœur que de l’avoir étudié. […] Il peignit leur étourderie étudiée, leurs grands airs, leur froid persiflage, leur suffisance, leurs grands éclats de rire, leurs plates railleries. […] Quelques compliments en l’air ne vous auraient pas plus compromis que les formules qui finissent une lettre; c’est une monnaie dont tout le monde sait la valeur, et l’on n’est pas un fripon pour s’en servir. […] Quand Trissotin, trompé par la ruine supposée de Philaminte et de Chrysale, se retire brusquement, et qu’Henriette, de l’aveu même de Philaminte, détrompée sur Trissotin, devient la récompense du généreux Clitandre, Chrysale, qui dans toute cette affaire n’est que spectateur et n’a rien mis du sien, prend la main de son gendre, et, lui montrant sa fille, s’écrie d’un air triomphant : Je le savais bien, moi, que vous l’épouseriez, et dit au notaire du ton le plus absolu : Allons, monsieur, suivez l’ordre que j’ai prescrit, Et faites le contrat ainsi que je l’ai dit. […] Une pauvre servante au moins m’était restée, Qui de ce mauvais air n’était point infectée, Et voilà qu’on la chasse avec un grand fracas, A cause qu’elle manque à parler Vaugelas !
Ce pourrait être de très honnêtes personnes ; mais ce peut être aussi d’un pur scélérat ; vous qui aviez « l’air d’homme sage » vous devenez imbécile ; oui ; car toute passion devenant dominatrice rend imbécile. […] Au parterre d’abord : « Tu es donc, Marquis, de ces messieurs du bel air, qui ne veulent pas que le parterre ait du sens commun et qui seraient fâchés d’avoir ri avec lui, fût-ce de la meilleure chose du monde ? […] S’il marche par la ville et qu’il découvre de loin un homme devant qui il est nécessaire qu’il soit dévot, les yeux baissés, la démarche lente et modeste, l’air recueilli, lui sont familiers : il joue son rôle. […] Chaque jour à l’église il venait, d’un air doux, Tout vis-à-vis de moi se mettre à deux genoux. […] Verconsin, dramatiste médiocre du xixe siècle, a fait une pièce excellente sur le bourgeois qui se donne des airs d’artiste.