/ 200
149. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Ceci est une autre affaire : j’aurai tout à l’heure à parler de ses sentimens religieux et de son opinion sur la médecine ; mais, je crois, s’il était bon royaliste, qu’envers les gens constitués en dignité il ne péchait point par excès de respect intérieur. […] Le goût de l’ordre n’empêchait pas un certain laisser-aller dans la conduite de ses affaires. […] Armande n’était pas femme à remplacer auprès de lui Madeleine Béjart, en fait d’ordre et d’économie : elle tripotait dans les affaires de son mari, qui ne la contrariait pas ; ainsi, sur un prêt de 1, 000 livres fait par Molière, elle s’en faisait rembourser 200, dont elle ne donnait pas quittance, et, sans doute, ne lui en disait rien.

150.

Il prend son avantage en concluant l’affaire, Encor que comme un prêtre il dise son bréviaire. […] C’est celle-là qu’il attend avec angoisse ; mais voici que, au lieu de l’accuser, Elmire réprimande son beau-fils et réduit toute l’affaire à de vains propos. […] Il faut croire que le tabellion consulaire était atteint de surdité ou peu scrupuleux en affaires, ce qui est fâcheux pour tout le monde, mais spécialement pour les notaires. […] Mais j’ai tort d’insister sur ce point, et je me rappelle à l’instant que Mignot, qui était le principal intéressé dans cette affaire, ne paraît pas s’en être bien préoccupé. […] L’illusion moderne, je ne veux pas dire la manie, respectable dans son principe mais trompeuse dans ses déductions, qui nous porte à n’apercevoir Molière qu’à travers les fumées de l’encens et l’auréole de la gloire, nous voile un peu trop les côtés vivants et réels de cet homme d’action, qui menait de front l’art théâtral, la composition dramatique et les affaires.

/ 200