Les siècles ont transformé la société, ils ont enseveli les pompes fastueuses de Versailles; il n’y a plus ni roi, ni cour; mais l’homme n’a point changé; nos travers ont pris un autre nom, un autre habit sans rien perdre de leur nature, et en riant des Sganarelle, des Géronte, des Trissotin, des Purgon, des Orgon, de M.
Quelques-unes de ses pièces, Les Précieuses ridicules et Les Femmes savantes, ont une portée semblable à celle des Satires de Boileau ; d’autres, telles que La Critique de l’École des femmes et L’Impromptu de Versailles, renferment de réelles discussions de principes et toute une polémique littéraire mise en comédie. […] Guizot a déjà remarqué qu’il y a une différence sensible, pour le développement du goût et des lettres, entre la protection d’un roi et celle d’une foule de courtisans, plus ou moins éclairés : si la protection royale impose des lois plus sévères, elle assujettit à une contrainte moins habituelle; Racine, Boileau et Molière, lorsqu’ils avaient quitté Versailles, pouvaient vivre entre eux, et, délivrés de l’écrasante nécessité de plaire tous les jours à une multitude d’amateurs, ils pouvaient consulter plus librement leur sentiment naturel pour le vrai et le beau. […] De là une polémique qui obligea Molière à se défendre et qui nous a valu deux pièces d’un genre tout particulier, La Critique de l’École des femmes et L’Impromptu de Versailles. […] Enfant du XVIIe siècle, né au milieu d’une société qui comprenait peu la nature, qui n’en avait ni le goût ni l’habitude, qui ne l’aimait qu’arrangée à son image, comme dans le parc de Versailles, vaste salon avec plus d’air et de soleil, il a détaché l’homme du monde extérieur, afin de concentrer sur lui seul toute son attention.