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81. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Elle est ridicule quand il y a, de celui qui la ressent à celle qui l’inspire, une trop grande différence de caractère, comme entré le misanthrope Alceste et la coquette Célimène, ou bien une trop grande disproportion d’âge, comme entre Sganarelle et Isabelle, Arnolphe et Agnès, don Pèdre et Isidore. […] Sganarelle, George Dandin et Amphitryon sont trois maris jaloux. […] Toujours un personnage atteint d’une manie ridicule, que prêche inutilement un personnage raisonnable, et que trompe un personnage vicieux ou dépendant pour confirmer la leçon : tel est, en effet, Sganarelle entre Ariste et Isabelle, Arnolphe entre Chrysalde et Agnès, Alceste entre Philinte et Célimène. […] Sganarelle, de l’École des Maris, est convaincu que les grilles et les verrous peuvent seuls répondre de la Vertu des filles, et celle qu’il renferme sous dix clefs, est par lui-même tirée de sa prison, et conduite à soft amant ; il s’apprête à jouir de la confusion de son frère qu’il croit victime de trop de confiance, et il le rend témoin de sa propre disgrâce ; causée par une défiance excessive. […] « Plaisant point d’honneur, dit en soi-même le satirique, de se noircir tous les jours le visage pour se faire une moustache de Sganarelle, et de dévouer son dos à toutes les bastonnades de la comédie ! 

82. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

— En janvier dernier… Entre nous, ce serait dommage ; car il ne s’est pas conduit avec elle en Sganarelle, mais en Ariste… Je pense que vous connaissez l’École des Maris ? […] Je gage que Molière a changé d’avis, et qu’il est à présent pour Sganarelle… — Nous le saurons tout à l’heure : le rideau monte. […] Il a acheté Agnès à quatre ans, comme un Turc, dirait Lisette, qui achète pour son harem une petite fille ; il l’a voulu rendre idiote, il le dit ; il avait défendu qu’on lui apprît à écrire ; c’est pis que ce butor de Sganarelle, qui renfermait Isabelle, mais qui la laissait lire, et Arnolphe a trouvé mieux que les verrous et les grilles, c’est l’âme qu’il veut mettre en cette prison, l’ignorance.

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