/ 128
35. (1855) Pourquoi Molière n’a pas joué les avocats pp. 5-15

Et pourtant, à cette époque, la profession d’avocat, naguère illustrée par Lemaistre, jetait assez d’éclat pour attirer les regards; c’était le temps où brillait Patru, l’ami de Boileau, de Racine, de la Fontaine; le temps où la foule se pressait aux plaidoyers de Gaultier, oublié aujourd’hui, mais alors célèbre. […] Si Molière avait pu ne pas s’en apercevoir, Les Plaideurs de Racine étaient bien propres à l’y faire penser3; mais ce silence était volontaire, et nous croyons qu’il est possible de l’expliquer à l’honneur de la profession d’avocat.

36. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Racine, encouragé par les conseils, et même par les bienfaits de Molière, qui par là donnait un grand Homme à la France, n’avait encore produit qu’un seul chef-d’œuvre. […] Ce génie si élevé était accompagné d’une raison toujours sûre, calme et sans enthousiasme, jugeant sans passion les hommes et les choses ; c’est par elle qu’il avait deviné Racine, Baron, apprécié La Fontaine, et connu sa propre place. […] Malgré ses défauts, malgré les reproches qu’on fait à quelques-uns de ses dénouements, à quelques négligences de style, et à quelques expressions licencieuses, il fut avec Racine celui qui marcha le plus rapidement vers la perfection de son Art. Mais Racine a été remplacé, Molière ne le fut pas, et même, à génie égal, ne pouvait guère l’être.

/ 128