En effet, elle est de cette époque où il disait à Rohaut : « Je suis le plus malheureux des hommes, et je n’ai que ce que je mérite. » On sait que, vers le temps où il raillait si gaiement Arnolphe dictant à Agnès les commandements du mariage, il venait, aux environs de la quarantaine, d’épouser, en 1662, la jeune Armande Béjart, âgée de dix-sept ans au plus. […] Femme d’esprit, qui sait le monde, elle a pourtant le charme de la candeur ; mais ce n’est plus, comme chez Agnès, la terrible ingénuité de l’ignorance exposée à tant de pièges ; car, chez elle, la réflexion a devancé l’expérience, et sa raison est aussi sûre que son cœur est honnête, ou sa parole réservée.
« Quelques années avant sa retraite du théâtre, ses camarades l’engagèrent à céder son rôle d’Agnès à mademoiselle du Croisy ; et cette dernière s’étant présentée pour le jouer, tout le parterre demanda si hautement mademoiselle de Brie, qu’on fût forcé de l’aller chercher chez elle, et on l’obligea de jouer dans son habit de ville. On peut juger des acclamations qu’elle reçut ; et ainsi elle garda le rôle d’Agnès jusqu’à ce qu’elle quittât le théâtre.