Ses parens l’élevérent pour être Tapissier, & ils le firent recevoir en survivance de la Charge du pere dans un âge peu avancé : ils n’épargnerent aucuns soins pour le mettre en état de la bien exercer ; ces bonnes gens n’ayant pas de sentimens qui dussent les engager à destiner leur enfant a des occupations plus élevées : de sorte qu’il resta dans la Boutique jusqu’à l’âge de quatorze ans ; & ils se contenterent de lui faire apprendre à lire & à écrire pour les besoins de sa profession. […] (car le Bourgeois s’imagine être beaucoup plus au dessus du Comedien, que le Courtisan ne croit être élevé au dessus de lui.) […] Il courut aussi tôt faire de grandes plaintes à sa femme, en lui reprochant les grands soins avec lesquels il l’avoit élevée ; la passion qu’il avoit étoufée ; les manieres d’agir qui étoient plutôt d’un amant que d’un mari ; & que pour recompense de tant de bontez, elle le rendoit la risée de toute la Cour. […] Le Public sait jusqu’à quel degré de perfection il l’a élevé. […] Il sembloit qu’il eût travaillé vingt années, tant il étoit assuré dans ses tons ; ses gestes étoient menagez avec esprit : de sorte que Moliere vit bien que ce jeune homme avoit été élevé avec soin.
Tindare & Philocrate sont élevés ensemble, deviennent inséparables, vont à l’armée.