C’est ce même genre d’écrire qui a passé jusques à nous, mais qui révolte ceux qui ont su se préserver de la contagion. […] Pressé par les ordres du roi, qui ne lui donnèrent pas le temps d’écrire sa pièce en entier, il eut recours au grand Corneillea, qui voulut bien s’assujettir au plan de Molière. […] Molière s’est suffisamment justifié de cela par une harangue qu’il fit au public, deux jours avant la première représentation de sa pièce : et puis ce prétendu original de cette agréable comédie ne doit pas s’en mettre en peine, s’il est aussi sage et aussi habile homme que l’on dit, et cela ne servira qu’à faire éclater davantage son mérite, en faisant naître l’envie de le connaître, de lire ses écrits, et d’aller à ses sermons. […] « [*]Si Molière avait donné la farce des Fourberies de Scapin pour une vraie comédie, Despréaux aurait eu raison de dire dans son Art poétique : C’est par là que Molière illustrant ses écrits, Peut-être de son art eût remporté le prix, Si moins ami du peuple, en ses doctes peintures, Il n’eût pas fait souvent grimacer ses figures, Quitté pour le bouffon l’agréable et le fin, Et sans honte à Térence allié Tabarin ; Dans ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe, Je ne reconnais plus l’auteur du Misanthrope.
Il tance Dangeau pour cette note écrite négligemment sur son journal : « Le bonhomme Corneille est mort. » Il se récrie comme il faut contre cette insulte et ce « blasphème. » Voilà qui va bien ; mais, de grâce, messieurs les sociétaires, est-ce que vous-mêmes, aujourd’hui, ne traitez pas Corneille un peu trop en « bonhomme ? […] « La terre s’ouvre et l’abîme, » est-il écrit, au moment que le héros de Molière donne la main au Commandeur : ne le rendra-t-elle jamais ?