Ecoute, mon cher Comte, Si tu fais tant le fier, ce n’est pas là mon compte. […] Ecoute seulement ce soupir amoureux ; Vois ce regard mourant, contemple ma personne, Et quitte ce morveux, & l’amour qu’il te donne.
J’avoue qu’il y a dans ces paroles un air de libertinage et d’impiété qui révolte ; se faire Prédicateur, ou se faire Comédien sont deux choses qui ne peuvent se mettre dans une même balance que par des gens qui n’ont aucun sentiment de Religion ; mais cependant il ne laisse pas d’être vrai que la vue générale de ces deux professions si opposées, est la même : c’est de toucher celui qui écoute. […] Monsieur le Prince défunt, qui l’envoyait chercher souvent pour s’entretenir avec lui, en présence des personnes qui me l’ont rapporté, lui dit un jour : Écoutez, Molière, je vous fais venir peut-être trop souvent, je crains de vous distraire de votre travail ; ainsi je ne vous enverrai plus chercher, parce que je sais la complaisance que vous auriez pour moi ; mais je vous prie à toutes vos heures vides de me venir trouver ; faites-vous annoncer par un Valet-de-Chambre, je quitterai tout pour être avec vous.