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66. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [80, p. 121-126] »

Un autre a guéri mon âme Des feux que j’avais pour toi.

67. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Peut-on se figurer l’importance qu’avait, aux yeux des autres et à ses propres yeux, l’habitant d’une petite ville de quinze cents ou de deux mille âmes, qui, seul de ses concitoyens, avait vu la Seine et le Louvre, les Tuileries et la Place-Royale, qui peut-être même avait aperçu le Roi allant à sa chapelle, ou montant dans son carrosse ? […] Dans une âme faible ou perverse, au contraire, ils dégénèrent en un lâche ou coupable égoïsme ; ils vont jusqu’à donner naissance à des vices et à des crimes : le moins fâcheux de leurs effets est de conduire un homme à la triste manie de se croire malade, quand il ne l’est pas, et de se traiter pour des maux dont il est exempt. […] Mais d’un accessoire hideux et nécessaire, il serait peut-être imprudent de faire le principal sujet d’un tableau destiné plutôt à corriger les esprits par la peinture du ridicule, qu’à révolter les âmes par le spectacle de la perversité. […] Sans vouloir, par un jeu d’esprit indiscret, placer sur la même ligne la religion et la médecine, deux choses qui sont éloignées l’une de l’autre de toute la distance qui sépare l’âme du corps et le ciel de la terre, on peut, je crois, saisir certains rapports extrinsèques qu’elles laissent apercevoir entre elles. […] Sa manie, heureusement rare, est un travers de l’esprit, et non pas un vice de l’organisation ; elle prête d’autant plus au ridicule, qu’elle contraste plus avec la force de corps qui nous est propre, et avec la vigueur d’âme qui en est la compagne ordinaire.

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