Mademoiselle de Montpensier rapporte à la page déjà citée que peu après les propos dont elle réprimanda Montespan, « madame de Montausier étant dans un passage derrière la chambre de la reine, où l’on met ordinairement un flambeau en plein jour, elle vit une grande femme qui venait droit à elle, et qui, lorsqu’elle en fut proche, disparut à ses yeux, ce qui lui fit une si vive impression dans la tête et une si grande crainte qu’elle en tomba malade. » Le duc de Saint-Simon raconte ce fait singulier et mystérieux d’une manière plus significative. Selon lui, quelque temps après la scène que fît Montespan à madame de Montausier, « cette dame descendant, avec son écuyer et ses gens, un petit degré pour aller de chez elle chez la reine, elle trouva une femme assez mal mise qui l’arrêta, lui fit des reproches sanglants sur madame de Montespan, et lui parla même à l’oreille. […] Il semble assez simple d’imaginer que cette femme mal mise, qui ressemblait à un fantôme, qui attendait madame de Montausier dans un passage obscur , pour lui faire des reproches sanglants sur madame de Montespan,n’était autre que Montespan lui-même, pressé du besoin de se venger, par un nouvel outrage sur la dame d’honneur, qu’il avait accusée hautement chez elle-même de son malheur.
Et toujours le soin des fêtes se mêle à celui des affaires, et ces fêles sont toujours des spectacles qui mettent la royauté en évidence et en honneur. […] Le voisinage les mit souvent à portée de se voir.
Ce fut Lothaire lui-même qui en fit la demande, & il s’y conduisit si bien qu’en peu de jours il mit son ami en possession de sa maîtresse qui s’appelloit Camille, & reçut de l’un & de l’autre mille témoignages de reconnoissance. […] Il eût été indécent de mettre sur la scene les infidélités d’une femme mariée ; d’accord : mais le héros de la Comédie ne risque rien en faisant son épreuve. Il falloit mettre à sa place un personnage qui réunît en quelque sorte le double intérêt d’amant & de mari, comme tous les Tuteurs de Moliere, & qui, en perdant une maîtresse infidelle, perdît au moins une somme considérable pour prix de sa curiosité, supposée impertinente par l’Auteur. […] Léonelle joue chez Cervantes un rôle qui donne du ressort à ceux de Camille, de Lothaire & d’Anselme, qui les met tous dans des situations pressantes. […] Célime ôte son masque ; Javotte s’avance ; son pere lui demande si elle est aussi mariée secrètement ; elle est trop jeune pour cela, mais elle prie qu’on ne tarde pas à la mettre en ménage.
Adolphe Monod, a écrit un beau sermon sur ce texte : «Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. » Dans la première partie de ce discours, il met en regard les désirs insatiables de nos cœurs et les amères déceptions que la vie nous réserve toujours. […] Le laboureur s’empare des fruits du sol; le marchand remplit ses greniers; l’abbé recherche les coteaux où croit un vin généreux ; le roi met des barrières à l’entrée des ponts et des routes. […] Sganarelle en dit autant sous d’autres formes, et Ariste lui-même, le sage vieillard, en suivant une voie opposée, ne met pas en seconde ligne le soin de sa réputation. […] Eh bien, c’est la plaie qui la rongeait que Molière a osé mettre à nu. […] Dans Le Misanthrope Molière renverse de sa propre main l’idole qu’il avait élevée; après avoir morigéné son siècle au nom de l’idéal que ce siècle rêvait, il s’en prend tout à coup à cet idéal lui-même et le met en pièces dans une œuvre d’inspiration qui est devenue son meilleur titre de gloire.
Don Juan imagine de parler à sa maîtresse à travers un tour que le jaloux a fait mettre à sa porte, comme on en voit dans nos Couvents. […] Son maître en est en peine, quand le Jaloux, à qui la gouvernante a fait confidence du prétendu penchant que Don Juan a pour elle, vient le trouver, très enchanté de n’avoir plus en lui un rival, lui dit de mettre bas toute feinte, que sa belle lui a tout avoué, qu’il approuve sa tendresse, & qu’il va l’introduire auprès d’elle pour qu’ils puissent se parler tête à tête.
Les deux Reines, Drame héroïque en cinq actes & en prose, mis à côté de l’Histoire de Sainte Genevieve de Brabant, & d’une piece italienne, &c. […] Alise respire encore ; sa vie m’étoit nécessaire pour sauver la vôtre : je vais profiter de la ressemblance que le Ciel a mise entre elle & vous ; elle entrera dans le lit de Pepin & y recevra la mort.
Quand les matériaux sont rassemblés de toutes parts, préparés, dégrossis, et qu’il n’y a plus qu’à les mettre en place, l’homme de génie vient à l’heure favorable, il leur imprime le mouvement et la vie ; et les éléments épars se disposent et s’élèvent en édifices. […] Jusqu’à la mort de Molière et au-delà, Français et Italiens se firent concurrence, s’imitèrent, s’empruntèrent réciproquement ce qu’ils avaient de meilleur, rivalisèrent dans les fêtes de cour, où ils étaient fréquemment réunis et mis en présence.
Admettons un second théâtre, vous aurez du moins le plaisir d’y voir vos productions, & non celles de Crispin, de Damis, d’Alexandre, qui vouloient vous forcer à mettre leurs idées sur la scene, au risque de vous faire essuyer pour eux une bordée de huées. […] Un Comédien qui chercheroit à mettre ses bienfaiteurs à la place d’où ils l’ont tiré, qui voudroit les plonger dans l’avilissement, n’auroit-il pas une ame de boue, ne seroit-il pas un monstre ? […] Il seroit un moyen bien simple pour mettre les Auteurs dramatiques à leur aise : le voici. […] Lorsqu’on met une nouveauté à l’étude, je la ferois répéter en même temps par les premiers Acteurs & par les doubles ; de cette façon, si, après les premieres représentations, un Comédien étoit malade ou fatigué, son double le remplaceroit ; le public, consolé de l’absence d’un seul premier Acteur par la présence de tous les autres, & par le plaisir de ne voir pas interrompre la nouveauté, se prêteroit volontiers à l’arrangement.
Lorsque j’ai conseillé de prendre l’intrigue de cette piece pour modele, j’ai voulu faire remarquer les ressorts que Laurette met en usage. […] Si une catastrophe heureuse comble les vœux des amants & les unit, toutes les fourberies qui les ont croisés ont le défaut que nous avons reproché aux Anciens ; elles se trouvent inutiles à la fin de la piece, & n’y ont été mises en jeu que pour l’alonger. […] Il s’est mis malgré moi cette erreur dans l’esprit.
Je crois aussi qu’ils mettent sur votre compte la douceur qu’ils me trouvent présentement. […] Dans sa lettre à Gobelin, elle dit : « Il se passe ici des choses terribles entre madame de Montespan et moi, le roi en fut hier témoin ; et ces procédés, joints aux maladies de ses enfants, me mettent dans un état que je ne peux soutenir. » Dans la seconde, à madame de Saint-Géran, se lisent ces mots : « Tout ce que je souhaiterais serrait de voir à madame de Montespan un cœur fait comme le vôtre. […] Elles firent suspendre la signature du contrat de vente jusqu’au 27 décembre ; mais en attendant madame Scarron s’était mise en possession de la maison et elle y faisait faire des réparations urgentes.
Fauriel, Charles Magnin, Francisque Michel, avaient mise à la mode et contre laquelle nous avons à nous tenir en garde. […] Reconnaissons aussi que, soit dans les couvents, soit dans les maisons seigneuriales ou princières, il y eut quelques germes de représentations dramatiques, quelques ébauches de mise en scène. […] — Marie répond : Nous trouverons bien les moyens De vivre, sans que y mettons peine : En teinture de soie et laine. […] On s’est bien souvent demandé si notre littérature avait plus gagné que perdu à quitter sa voie naturelle, ses traditions propres, sa libre allure, pour se mettre au service de l’imitation et n’être plus qu’un reflet, plus ou moins brillant, de l’antiquité grecque et romaine. […] Ces six personnages se mettent en idée de construire un nouveau monde.
Je l’ai mis dans ma tête. […] Je l’ai mis dans ma tête.
Il fut arrêté et mis dans un cachot (on n’était plus sous Henri IV), et le saisissement qu’il en eut causa sa mort. […] Ce fut la fin de la farce de ces beaux jeux, mais non de ceux que voulurent jouer, après, les conseillers des aides, commissaires et sergents, lesquels, se prétendant injuriés, se joignirent ensemble et envoyèrent en prison MM. les joueurs ; mais ils furent mis dehors le jour même, par exprès commandement du roi, qui appela les autres sots, disant Sa Majesté que, s’il fallait parler d’intérêt, il en avait reçu plus qu’eux tous, mais qu’il leur avait pardonné et pardonnerait de bon cœur, d’autant qu’ils l’avaient fait rire jusqu’aux larmes.
C’est ainsi que, de nos jours, quand le retour de l’ancienne maison de France imposa l’obligation de renier, de détester tout le passé, quand ce n’était pas assez de le mettre en oubli, qu’il fallait en avoir horreur, les romans de Walter Scott, où étaient peintes des mœurs inconnues, acquirent en France une vogue inouïe et contribuèrent au grand changement qui s’opéra alors dans les idées et dans la littérature. […] Toutes ces circonstances étaient propres sans doute à mettre en vogue la première publication de L’Astrée, sans que personne s’en mêlât.
Baron 23, dans l’Homme à bonne fortune, met Moncade dans plusieurs embarras qui ne sont nullement liés l’un à l’autre. […] Le grand Rousseau a fait les quatre vers suivants pour mettre au bas de son portrait : Du vrai, du pathétique il a fixé le ton.
Il a raison de refuser l’amitié banale d’Oronte ; il a raison de trouver détestable le méchant goût du siècle en littérature ; mais il a tort d’aller dire au nez d’un auteur que ses vers sont bons à mettre au cabinet, Et qu’un homme est pendable après les avoir faits138. […] Enfin vous. avez. su, en nous peignant ces infirmités du sage, et en nous faisant rire de ses travers, nous inspirer ; pour lui pour sa vertu,, un sentiment de respect que ne peut diminuer tout le rire excité par ses boutades ; et, à la fin de votre pièce, notre opinion sur lui reste celle qui était la vôtre, et que vous avez mise dans la bouche de la sincère Eliante : Dans. ses façons d’agir il est fort singulier ; Mais j’en fais, je l’avoue, un cas particulier ; Et la sincérité dont son âme se pique À quelque chose en soi.de noble et d’héroïque. […] Il n’y a pas une de ses pièces où ce défaut ne soit mis en scène : « C’est l’amour propre qui a engendré les précieuses affectant un jargon inintelligible, et les savantes engouées de sciences qu’elles ne comprennent pas ; les pédants si orgueilleux de leur érudition indigeste, et les beaux esprits si vains de leurs fadaises rimées ; le manant qui épouse la fille d’un gentilhomme, et le bourgeois qui aspire à passer pour gentilhomme lui-même ; les prudes qui affichent une sévérité outrée, et les coquettes qui étalent les conquêtes faites par leurs charmes ; les marquis qui se vantent des dons de la nature, des bontés du roi et des faveurs des dames ; et ce misanthrope lui-même dont il faut estimer la vertu, mais dont l’orgueil bourru fronde la vanité de tous les autres154. » Si l’amour propre est le défaut le plus universel, il n’est pas le seul qui règne dans la bonne société : Molière a frappé avec non moins d’autorité sur l’habitude qu’ont les gens riches ou inoccupés, de médire sans cesse du prochain, et de trouver à blâmer partout155. […] On doit mettre au-dessus de toutes les autres celle du Misanthrope (act.
Eh bien, comme après la chute d’une royauté l’impartiale histoire établit la comparaison des conquêtes et des revers, des progrès et des pas en arrière, et comme elle met dans la balance, d’un côté la richesse et le bonheur, de l’autre les misères et les larmes des peuples : de même, dans celte royauté morale de Molière, il faut avec respect, mais avec fermeté, peser le bien et le mal qu’elle a fait ; et puisqu’elle semble destinée à durer parmi nous sans éprouver jamais les révolutions qui secouent les trônes politiques, peut-être qu’une appréciation exacte de ce qu’elle vaut pourra en rendre pour l’avenir le joug plus profitable en ce qu’il a de bon, et moins dangereux dans ce qu’il a de mauvais. […] Enfin, mettre sans cesse devant eux le tableau du choix qu’ils peuvent faire entre le vice et l’honnêteté et en appeler à leur conscience pour décider ce choix, c’est leur dire, si par hasard ils l’oublient, que ce qu’ils ont en eux de plus précieux et de plus périlleux, c’est la liberté ? […] Et puis, d’une autre part, toujours pour faire rire, il a forcé le cœur à être indulgent pour des gens méprisables, à s’intéresser au succès de ruses honteuses ; il a mis les grâces et l’esprit dans des personnes indignes ; il a chanté des refrains bachiques et des couplets licencieux ; il a fait des plaisanteries grivoises ; il a ri du crime d’adultère comme d’une chose fort comique ; il a tourné en ridicule, avec une verve inépuisable, l’autorité paternelle. […] Il leur falloit un comédien Qui mit à les polir son art et son élude : Mais, Molière, à la gloire il ne manquerait rien, Si, parmi leurs défauts que tu peignis si bien, Tu les avois repris de leur ingratitude.
Elle se promet bien de rompre avec lui, s’il ne met pas fin à ses transports jaloux. […] Je sais qu’elle n’est pas trop sure ; & j’ai vu par expérience que vous savez me mettre en désordre malgré elle, & me faire quitter la place lorsque je m’y attends le moins. […] La moindre chose vous met en alarme. […] Bélise, Duchesse de Tyrol, y est en habit de cavalier, avec Thérese sa suivante, déguisée en Page Thérese lui conseille, si elle veut passer pour un homme, de cacher ses oreilles percées, de mettre son chapeau en mauvais garçon, d’écarter les jambes, & de lâcher quelques maugre-bleu : elle lui fait avouer ensuite qu’elle est venue autant pour Don Pedre que pour Delmire. […] Pourquoi, malgré l’expérience toute récente que tu avois faite de l’injustice de tes soupçons, fondés cependant sur les plus fortes apparences ; pourquoi, malgré ces serments réitérés de bannir pour jamais la jalousie de ton esprit & de ton cœur, & de n’en pas croire même tes yeux, dès la premiere occasion qui se présente de me soupçonner, commences-tu par me déclarer coupable, & par me mettre au rang de ces femmes dont le nom seul fait rougir mon sexe ?
La scène cinquième du premier acte du seigneur qui a fait une courante ; la deuxième du deuxième acte du joueur, la septième du deuxième acte du chasseur, la deuxième du troisième acte du savant grec, la troisième du troisième acte de l’homme qui veut mettra la France en ports de mer : voilà les beautés de cet ouvrage. […] Quoique Thomas Corneille l’ait mise en vers, et ait ajouté plusieurs bonnes plaisanteries dans la première scène de Charlotte et de Pierrot au deuxième acte ; malgré la scène de Léonor et de sa tante avec don Juan au troisième, et celle de la même Léonor et de sa nourrice au cinquième, qui prépare le dénouement, ajoutées par Corneille, je préfère encore la pièce en prose, telle que Molière l’a faite ; l’exposition en est charmante. […] La scène deuxième du cinquième acte, où don Juan parle de l’hypocrisie, et la troisième, où il refuse à don Carlos d’épouser sa sœur, par scrupule (scène que Corneille n’aurait pas dû mettre de côte), achèvent de rendre don Juan odieux, et rendent le dénouement moins inconcevable en le faisant souhaiter davantage.