En ce temps on disait d’un mari dont la femme avait un galant, qu’il devait une chandelle à saint Arnolphe. […] « Je ne vois point, ajouta Molière, de passion plus indigne d’un galant homme que celle du vin : Chapelle est mon ami, mais ce malheureux penchant m’ôte tous les agréments de son amitié. […] Elle entre par-là dans le ridicule des femmes qu’elle veut jouer ; mais enfin, avec tous ces avantages, elle ne plairait pas tant si sa voix était moins touchante ; elle en est si persuadée elle-même, que l’on voit bien qu’elle prend autant de divers tons qu’elle a de rôles différents. » (Entretiens galants, Paris, Ribou, 1681, t. […] (Voyez le Mercure galant, année 1672.) […] Il aimait fort à haranguer ; et quand il lisait ses pièces aux comédiens, il voulait qu’ils y amenassent leurs enfants pour tirer des conjectures de leurs mouvements naturels. » Voyez le Mercure galant, tome IV, première année, page 302.
Ma chère, aussi, ce le charme tous les galants. […] Il se fierait, pour que cela ne passât pas les bornes, à ce bon sens de race que je rappelais à l’occasion d’Henriette, à ce sens exquis de la mesure et du goût, qui est inné chez nos Françaises, et, aussi, à cette galanterie respectueuse, la galanterie du galant homme, qui ne se perd chez nous qu’à cause justement de la séparation des sexes, cette séparation contraignant l’homme à se gâcher l’esprit et le cœur dans la société des filles de plaisir. — J’ai pu, pour ma part, m’assurer plus d’une fois que cette forte éducation, cette liberté des jeunes filles anglo-saxonnes, savent en faire des créatures admirablement loyales, point du tout pédantes, nullement dénuées de charme féminin ; et je me suis pris à penser que nos jeunes filles françaises y puiseraient très probablement des qualités inattendues, propres à ranimer ces choses qui vont disparaissant : la conversation dans le salon, le conseil au foyer.
L’auteur des Observations sur le Festin de Pierre 7 commence en jouant la légèreté et la malice ; il feint de rendre justice à Molière et croit lui décocher les traits les plus sanglants sans se douter combien il accuse lui-même par là la pauvreté et la platitude de son esprit : « Il est vrai, dit-il, qu’il y a quelque chose de galant dans les ouvrages de Molière, et que, s’il réussit mal à la comédie, il a quelque talent pour la farce. »Ce n’est même là qu’une feinte concession, car il ajoute : « Quoi qu’il n’ait ni les rencontres de Gautier-Garguille, ni les impromptus de Turlupin, ni la bravoure du capitan, ni la naïveté de Jodelet, ni la panse de Gros-Guillaume, ni la science du docteur, il ne laisse pas de divertir quelquefois et de plaire en son genre. »Il lui reproche de n’avoir pas le talent de l’invention ; mais il reconnaît qu’il traduit assez bien l’italien et parle passablement français. […] S’il en était ainsi, on pourrait soutenir que Molière n’a conservé le dénouement que par respect pour la tradition et par acquit de conscience, que son but a été de nous peindre un athée galant homme, un peu léger de mœurs (mais y a-t-il là de quoi pendre un homme ?)
De Visé raconte, dans son Mercure galant de 1673, une fête donnée à la cour par Monsieur dans son château de Saint-Cloud, et où les feux et les cascades étaient réfléchis à l’infini par des milliers de miroirs convergents. […] Tralage était au courant des secrets de la vie galante à Paris et des scandales qui se produisaient dans les ménages par ses rapports de famille avec le lieutenant de police La Reynie. […] Rappelons l’histoire en quelques mots : François de Lescot, président au Parlement de Grenoble, était un débauché connu par ses aventures galantes.
Il s’arme pour aller en guerre contre ce galant de la noblesse qui vient lui enlever sa femme ; mais, en dépit de sa cuirasse, de sa pertuisane et de son haubert, quand le galant marche à lui et lui dit : « Que veux-tu faire de ces armes ? […] Fléchier ne fait pas l’ombre d’une réflexion de pitié en faveur de toutes ces victimes ; cela l’amuse, il raconte cela en anecdotes galantes, spirituelles et burlesques. […] C’est de cet usage que sont nés ces singuliers chevaliers dont le théâtre de Dancourt est rempli ; c’est de cet usage que sont nés aussi tous ces petits abbés du xviiie siècle, qui, après que les roués de la Régence eurent mis l’athéisme et le libertinage à la mode, ne pouvaient pas faire un souper sans blasphémer, et dont Gilbert s’est si violemment moqué dans sa Satire du xviiie siècle, où, en parlant d’un de ces derniers, il a dit : Dans un cercle brillant de nymphes fortunées, Entends ce jeune abbé, sophiste bel esprit ; Monsieur fait le procès au Dieu qui le nourrit, Monsieur trouve plaisants les feux du purgatoire ; Et, pour mieux amuser son galant auditoire, Mêle aux tendres propos des blasphèmes charmants, Lui prêche de l’amour les doux égarements, Traite la piété d’aveugle fanatisme, Et donne, en se jouant, des leçons d’athéisme. […] Contente de cette amitié fructueuse, elle laisse l’esprit courir après la vaine gloire, qu’elle s’amuse quelquefois à lui ravir, qu’elle lui distribue ou qu’elle lui refuse à son gré ; car elle se pique aussi de choses galantes, de belles-lettres, de musique, de beaux-arts, et pour s’être mise bien avec la Fortune, elle ne s’est point brouillée avec la Renommée ; on la voit, dans les journaux, qui fait la doctoresse et remontre à l’esprit comment il faut s’y prendre pour être spirituel.
Poisson, surtout Le Mercure galant, et les deux Ésope 5, de Boursault, auteur dont le talent naturel et facile, incapable peut-être de s’élever avec succès jusqu’au développement d’une intrigue ou d’un caractère, brilla dans des scènes détachées, d’une invention heureuse et d’une exécution piquante.
» Une nouvelle note explique cette substitution du nom de Lucile à la désignation galante d’Éraste, qui faisait d’elle un « ange adorable » 6 : « Les scrupules de notre théâtre (italien) sont très grands. […] Je fis tout ce que je pus pour les piquer par le titre de la Comédie, qui porte ce seul mot de PRÉTIEUSE, et ne descendis point au détail de cet endroit où une fille se trouvait préférer un faux Poète à un galant effectif et de condition, et qui, par une erreur d’esprit, donnait au mérite de ses ouvrages et de ses notions, ce qu’elle ôtait au droit des gens du siècle, qui suivent les sens et l’apparence, et tâchent d’y accorder la raison autant qu’ils peuvent par le ciment de l’intérêt, et par les prétextes de la fortune. Mais comme elles sont curieuses, elles y avaient été aussi bien que moi, et ne manquèrent pas de me renvoyer l’esteuf, et de m’assurer qu’elles s’y étaient très-bien diverties38. » Comme on voit, les quelques détails donnés ici ne correspondent pas à ceux fournis par Somaize ; nous n’y voyons point « deux femmes », « deux valets », non plus que « leurs maîtres », mais seulement « une Précieuse » (prototype de Madelon), un « faux poète » (quelque Mascarille), et un « galant effectif et de condition » (un La Grange). […] Loret, en effet, dans sa lettre du 3 juin 1656, parle d’un certain galant anonyme qui, étant entré dans une église, Était regardé comme un fou, Car il portait autour du cou, Un collet à si grande marge, C’est-à-dire si haut, si large, Que tous les dévots de ce lieu Songeaient plutôt à lui qu’à Dieu.
Auteur du plan tout entier, Molière, jeté, pour ainsi dire, par un ordre suprême, hors de sa sphère accoutumée, ne put déployer, dans ce sujet merveilleux, héroïque et galant, aucune des ressources de son génie.
Il reconnoît enfin son valet, lui raconte le tour galant qu’il vient de jouer à sa cousine.
Ils étoient tous deux jeunes, d’un même âge, & avec les mêmes inclinations ; si ce n’est qu’Anselme étoit un peu plus galant, & Lothaire aimoit plus la chasse : mais ils s’aimoient tous deux encore plus que toutes choses, & renonçoient toujours l’un pour l’autre à leurs propres plaisirs.
La plupart des écrivains du temps, poètes ou prosateurs, ont entrevu un idéal semblable et ont contribué à en dessiner les traits; mais il y a pourtant des différences entre eux Chez Racine, l’honnête homme est plus chevaleresque et se montre surtout par les côtés galants c’est dans ses relations avec le beau sexe qu’il aime à déployer toute sa distinction.
Dimanche, et de lui demander des nouvelles de madame Dimanche, du petit Dimanche et du petit chien Brisquet, notre galant seigneur aimera mieux se réconcilier avec son père, que de rester soumis à l’obstination, au mauvais vouloir et à l’impatience de ses créanciers. […] Les Fêtes de Versailles. — Lulli, Molière et Quinault. — L’Amour médecin. — Le Bourgeois gentilhomme. — Anniversaire de la naissance de Molière Ces divertissements, ces ballets, ces fêtes, ces cadeaux, ces longues sérénades apportées d’Italie, la Seine traversée par des barques chargées de fleurs et de mélodies, et toute semblable à l’Arno qui coule à Florence, ce récit galant que nous fait le magnifique Menteur de Corneille, splendidè mendax , ces couplets satiriques et ces chansons à boire, ces menuets, ces sarabandes et ces chaconnes, qui donc anime soudain ces fêtes de la poésie et de la jeunesse, au plus beau moment de Louis XIV et de son règne ? […] » Et plus bas, quand Bragelone s’est attendri : « Je ne t’aimais pas, Louise, comme aiment les galants !
Fillon sur le Blason de Molière, il représente l’écusson du grand Comique, que l’on trouve gravé au-dessous du portrait des Hommes illustres de Perrault, et décrit dès 1673 dans ce passage du Mercure galant : Ces Armes parlantes, dit l’Oraison funèbre de Molière, font connaître ce que notre Illustre Auteur savait faire. […] Quoi qu’il en soit, Le Boulanger de Chalussay publia d’abord cet ouvrage en prose et en vers : Morale galante ou l’art de bien aimer. […] Dans ce nouvel Art d’aimer, les nombreuses pièces de vers qui sont mêlées au texte de la Morale galante, sont la plupart très agréablement tournées.
Il quitte l’intonation d’un homme qui répond à une objection, pour prendre le ton galant. […] Elmire N’appréhendez-vous point que je ne sois d’humeur À dire à mon mari cette galante ardeur, Et que le prompt avis d’un amour de la sorte Ne pût bien altérer l’amitié qu’il vous porte ? […] Vers 10 à 13 peu galants pour Henriette, et lourds comme toute la tirade.
Un médecin qui fut alors des plus en vue à Paris, par sa vie, où ne manquèrent pas les aventures galantes, et par ses titres, Pierre Cressé, mort à quatre-vingt-quatre ans, maître de la Faculté de médecine, était de la famille de la mère de Molière, dont, en outre, le frère avait épousé la sœur d’un chirurgien. […] « Si, lisons-nous dans les Entretiens galants 5, livre de cette époque dont l’auteur paraît bien connaître les personnes qu’il cite, si la Molière retouche quelquefois à ses cheveux, si elle raccommode ses nœuds ou ses pierreries, ces petites façons cachent une critique judicieuse et naturelle. […] C’est pour cela que de Visé, son ami, fit, dans le Mercure galant, à l’époque de la représentation de la pièce mise en vers, le petit article cité tout à l’heure, et qui est tout à la fois une explication du titre et une justification du contresens obligé. […] Si, pour créer son personnage, Molière n’avait eu besoin que d’un prêtre galant, les modèles ne lui eussent pas manqué ; il en était plus de vingt, qu’on n’aurait eu qu’à lui montrer du doigt. […] Molière et sa troupe étaient de ces fêtes, pour lesquelles il avait dû composer sa comédie-ballet de la Princesse d’Élide et des milliers de petits vers galants, devises de paladins, etc.
Un excellent danseur, ordonnateur de ballets, poète galant, musicien ordinaire de la chambre du roi, qui était en renom à cette époque, s’appelait Louis de Mollier, qu’on écrivait souvent Molière. […] J’avais déjà ouï parler du mérite de ce lieu et de la capacité de plusieurs galants homme qui divertissaient les bienheureux passants qui aimaient à jouer à trois dés. » Dassoucy resta un mois à Avignon. […] Il faut avouer que c’est un galant homme, et qu’il est louable de savoir si bien se servir de tout ce qu’il lit de bon. » On voit si, pendant ses pérégrinations provinciales, il emploie bien son temps, et s’il perd de vue le soin de sa future destinée. […] Quant aux critiques, ils se contentaient de dire en soupirant, comme de Vizé, le futur fondateur du Mercure galant : « La réussite qu’elles eurent (Les Précieuses) fit connaître à l’auteur qu’on aimait la satire et la bagatelle. […] Pardon de la comparaison ; mais, pour mes péchés j’ai passé une partie de la journée avec le grand veneur. » Ce grand veneur, c’était le marquis de Soyecourt, célèbre encore du reste pour ses reparties ingénues et ses exploits galants.
Arnolphe lui répond : Quoi qu’il m’arrive, au moins j’aurai cet avantage De ne pas ressembler à de certaines gens Qui souffrent doucement l’approche des galants. […] C’est ce que tout de suite fait Chrysalde : Mettez-vous dans l’esprit qu’on peut du cocuage Se faire en galant homme une plus douce image, Que des coups du hasard aucun n’étant garant, Cet accident de soi doit être indifférent ; Et qu’enfin tout le mai, quoi que le monde glose, N’est que dans la façon de recevoir la chose ; Et pour se bien conduire en ces difficultés, Il y faut, comme en tout, fuir les extrémités, N’imiter pas ces gens un peu trop débonnaires Qui tirent vanité de ces sortes d’affaires, De leurs femmes toujours vont citant les galants, En font partout l’éloge et prônent leurs talents, Témoignent avec eux d’étroites sympathies, Sont de tous leurs cadeaux, de toutes leurs parties, Et font qu’avec raison les gens sont étonnés De voir leur hardiesse à montrer là leur nez. […] Si je n’approuve pas ces amis des galants, Je ne suis pas aussi pour ces gens turbulents Dont l’imprudent chagrin, qui tempête et qui gronde, Attire au bruit qu’il fait les yeux de tout le monde, Et qui, par cet éclat, semblent ne pas vouloir Qu’aucun puisse ignorer ce qu’ils peuvent avoir. […] Vous causez, de bonne familiarité, avec votre servante et certainement ; vous seriez fidèle à votre femme s’il ne s’agissait pas de vous pousser auprès d’une marquise et de lui faire une cour galante. […] Car « on apprend par là chaque jour les petites nouvelles galantes, les jolis commerces de prose et devers ; on sait à point nommé qu’un tel a composé la plus jolie pièce du monde sur un tel sujet, qu’une telle a fait des paroles sur un tel air ; que celui-ci a fait un madrigal sur une jouissance et que celui-là a composé des stances sur une infidélité… » et en effet « n’est-ce pas renchérir sur le ridicule qu’une personne se pique d’esprit et ne sache pas jusqu’au moindre petit quatrain qui se fait chaque jour ».
Il excellait, à la vérité, dans l’art de faire des allusions délicatement hardies aux intrigues politiques ou galantes de la cour ; et, comme dit le privilège pour l’impression de ses œuvres (car la grave chancellerie elle-même ne crut pas se commettre en libellant l’éloge des petits vers de Benserade) : « La manière dont il confondait le caractère des personnages qui dansaient, avec le caractère des personnages qu’ils représentaient, était une espèce de secret personnel qu’il n’avait imité de personne, et que personne n’imitera peut-être jamais de lui. » Molière, il n’en coûte rien de l’avouer, n’avait pas au même degré ce genre de mérite.
« Il répondit que c’étaient railleries ; il prend Charpy pour le meilleur ami qu’il ait. » On avouera qu’il est difficile de ne pas voir, avec les sa vans éditeurs de Tallemant et de Molière, non seulement dans cette anecdote toute l’intrigue et tous les personnages36 de la pièce de Molière, mais encore dans ce Charpy le personnage véritable qui a dû « fournir le plus de traits » au portrait de l’imposteur galant.