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144. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Déjà, dans L’École des femmes, Molière raillait les mystères et se moquait « de l’enfer et de ses chaudières bouillantes ». […] Et comment serait-il autrement un séducteur et le trompeur de toutes les femmes ? […] Dans L’École des femmes, personne n’est chargé de dire à Arnolphe qu’il est un fou. […] Est-ce là pour Molière l’idéal de la femme ? […] Mettez un héros de Corneille en face d’une jolie femme, d’une reine de salon, et dites-nous qui aura raison des deux.

145. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Le roi s’abandonna donc à tous ses caprices, se livra à peu près à toutes les femmes. […] Qu’on se figure, dans la position de madame de Maintenon, une femme d’un autre caractère : elle mettra en jeu tout ce que l’art de la galanterie aura de plus raffiné, d’abord pour nuire à sa rivale, ensuite pour plaire toujours plus qu’elle-même : elle disputera sa possession autant qu’il faudra pour en exalter le désir jusqu’à la passion. […] Mais madame de Maintenon marchera autrement vers un but plus élevé que ceux de la galanterie : elle veut être aimée, préférée, et respectée, tâche impossible à une femme galante. […] sur quel pied l’épouse légitime, la mère de l’héritier de la couronne, sera-t-elle obligée à vivre avec la femme coupable qu’un double adultère met dans les bras du roi ? […] La femme de l’ami (la reine) a fort pleuré.

146. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

J’ai sur certaine femme Jetté, sans y songer, quelque amoureuse flamme. […] C’est une brave femme. […] Notre femme est, Monsieur, sur le point d’accoucher : Donnez-moi cent écus sur & tant moins des dettes. […] Les Femmes savantes. […] Les Femmes savantes.

147. (1816) Molière et les deux Thalies, dialogue en vers pp. 3-13

On a tort ; et d’ailleurs vous avez dû changer ; Vous êtes femme ; eh bien, loin de vous corriger, Changez encore ; des ans pour réparer l’injure, Votre sexe a besoin de fard et de parure ; Je le sais. […] Oui, c’est un grand ressort pour émouvoir les âmes, Et qui fut, j’en conviens, mis en jeu par les femmes, Toujours avec succès. […] Il n’y a pas longtemps que Georges Dandin a été sifflé, L’Avare, l’École des Maris, l’École des femmes, etc., sont joués dans le désert ; le Légataire, les Étourdis, les Héritiers, dédaignés des gens du bon ton ; mais la Coquette corrigée, le Jaloux sans amour, la Feinte par amour, les Jeux de l’Amour, etc., voilà ce qui doit plaire éternellement ! […] Semblable à cette femme qui, dans la fleur de l’âge, après s’être signalée par ses travers, finit sur le déclin des ans par affecter tous les scrupules de la pruderie, elle conserve bien le même fonds d’humeur ; mais elle a changé les dehors ; elle ne désire point être plus réservée, plus sage, mais elle veut te paraître. […] Présentez-lui des pièces telles que Figaro, les Femmes, Heureusement ; étalez à ses yeux les scènes les plus licencieuses, les images les plus indécentes, pourvu qu’elles paraissent voilées d’une gaze légère et transparente, elle n’en sera point effarouchée ; mais prononcez devant elle un mot trop nu, quoique innocent, vous la ferez crier au scandale, à l’horreur.

148. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Une des femmes de la pièce de Térence, qui devrait faire le personnage le plus intéressant, ne paraît sur le théâtre que pour accoucher. […] Dans le conteur italien, une femme, devenue amoureuse d’un jeune homme qui ne songe point à elle, se sert de l’entremise d’un moine pour lui reprocher les prétendues tentatives qu’il fait contre son honneur, et de cette manière l’avertit d’exécuter précisément les mêmes choses dont elle l’accuse. […] Dans cette pièce, ce n’est pas un moine que la femme emploie pour ses messages ; c’est un vieillard qui est amoureux d’elle, et le jeune homme que ce vieillard est chargé de gourmander, est son propre fils. […] L’École des Maris a engendré une foule d’imitations, au nombre desquelles je ne crains pas de mettre L’École des Femmes, qui la suivit immédiatement. […] Cette madame de Grignan était l’une des filles de la marquise de Rambouillet, et la première femme du comte de Grignan, qui épousa en troisièmes noces la fille de madame de Sévigné.

149. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Eudore Soulié, avaient pris femmes dans la famille Cressé. […] Elle entre, par là, dans le ridicule des femmes qu’elle veut jouer. […] L’enfant promit ce que devait être la femme. […] Cette fille serait Armande, la future femme de Molière. […] répliqua cette femme et à belles injures.

150. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Sa femme accoucha d’une fille. […] Fabio demande si on lui donnera Virginia pour femme. […] Lelio, en habit de femme, reçoit Fabio sans lumière. […] Pandolfo veut savoir qui est la femme qui est entrée chez lui et la force à se découvrir le visage. […] — Femme !

151. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Les femmes, jusqu’à présent souveraines maîtresses, ne vont plus être que les très humbles esclaves de l’amour. […] Il est le rêve des femmes oisives à qui tout a manqué, même la séduction et la haine ! […] Quelle postface, La Critique de l’École des femmes ! […] Mon maître, a perdu tant d’honnêtes femmes que je puis bien avoir une inclination ! […] Ce n’est pas celui-là qui passerait des nuits et des jours à la porte de la maison où repose la femme qu’il lui faut absolument, seule entre toutes les femmes de la création28 !

152. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. De l’Illusion Théâtrale. » pp. 426-433

Messieurs, j’ai, grace au Ciel, mis ma barque à bon port : En faveur des vivants, je fais revivre un mort : Je nomme, à mes desirs, un ample légataire : J’acquiers quinze cents francs de rente viagere, Et femme par-dessus. […] Voici à peu près le sens de celui qu’il place à la suite de li Pettegolezzi delle Donne, les Caquets des Femmes. Femmes, qui, avec des graces & de la beauté, avez l’art & le pouvoir d’inspirer de l’amour, ne vous occupez pas à vous détruire mutuellement par votre orgueil & vos caquets. Et vous, Messieurs, qui êtes accoutumés à critiquer les pauvres femmes, qui allez murmurant dans les boutiques, vous avez plus de langue que d’argent.

153. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

Elle compta, outre le jeune directeur et sa femme, plusieurs des anciens Gelosi, entre autres : Giovanni-Paolo Fabri, connu sous le nom de Flaminio, et Nicolo Barbieri, originaire de Vercelli, qui avait déjà commencé à se faire connaître sous celui de Beltrame da Milano. […] Sa femme, Margharita Luciani, fut également engagée dans la troupe. […] Quoi qu’il en soit, le personnage de Francischina ou Fracischina eut et conserva à Paris une popularité plus grande que celui de Ricciolina : c’est le nom de Francisquine qu’adopta cette Anne Begot qui faisait le rôle de la femme de Tabarin ou de Lucas sur les tréteaux de la place Dauphine, « comédienne ordinaire de l’île du Palais », comme on appelait ces acteurs en plein vent, commère dessalée, aussi preste à la riposte et probablement plus « forte en gueule » que sa devancière et sa contemporaine de la commedia dell’arte 22. […] Lelio, c’est bien Giovanni-Battista Andreini : Florinde, c’est sa femme Virginia, qui mourut vers 1634 ; Lydia, c’est une jeune actrice que le directeur des Fedeli, devenu veuf, épousa en 1635.

154. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVIII. De l’exposition des Caracteres. » pp. 433-447

Mais ma femme, après tout, est sage, vertueuse : Plus amant que mari je possede son cœur : Elle fait son plaisir de faire mon bonheur. […] Ma femme est toute aimable. Oui, mais elle est ma femme : En elle j’apperçois des défauts chaque jour, Qu’elle avoit avec art cachés à mon amour. […] ai-je dû présumer Que le Ciel pour moi seul eût pris soin de former, Ce qu’on ne vit jamais, une femme accomplie ? […] Il nous parle de son mariage, mais d’une façon à nous persuader que les défauts de sa femme l’ont dégoûté de son hymen, tandis que, dans le courant de l’ouvrage, Mélite ne montre pas l’ombre d’une imperfection.

155. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Prenons, pour le prouver, le moment intéressant où Pamphile, amoureux de l’Andrienne, peint les chagrins que lui a causé son pere, en lui ordonnant de se préparer à épouser une autre femme. […] Taisez-vous, ma femme ; je vous vois venir. […] Peste soit de la femme ! […] Jourdain, au bon sens de sa femme, à l’honnêteté de Cléonte ? […] Une femme veut que sa servante s’exprime congrument.

156. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

La femme d’Arlequin a besoin de deux chaises, puisqu’elle en destine une à son époux. […] Rosaura, femme de Pantalon, reçoit une lettre de son frere : son époux la surprend & veut la décacheter. […] Sa femme se moque de lui : « Eh bien, lui dit-elle, ne vous disois-je pas que vous mourriez en ouvrant ce billet » ? […] N’as-tu pas remarqué quelque trouble en son ame A cause de l’amour qu’il a pour cette femme ? […] Le terrible fléau des Cotins, des Femmes savantes, des Précieuses, &c.

157. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

Corneille l’aîné, fut la pièce choisie pour cet éclatant début : ces nouveaux acteurs ne déplurent point, et on fut surtout fort satisfait de l’agrément et du jeu des femmes ; les fameux comédiens qui faisaient alors si bien valoir l’Hôtel de Bourgogne étaient présents à cette représentation. […] C’est pourquoi presque tout Paris a souhaité de voir ce qu’une femme pourrait dire, à qui il arriverait la même chose qu’à Sganarelle, et si elle aurait autant sujet de se plaindre quand son mari lui manque de foi, que lui quand elle lui est infidèle. C’est ce qui m’a fait faire cette pièce, qui servira de regard au Cocu imaginaire : puisque dans l’une on verra les plaintes d’un homme qui croit que sa femme lui manque de foi, et dans l’autre celle d’une femme qui croit avoir un mari infidèle. […] Non seulement il se trouve dans les ouvrages de cet admirable auteur des vices de construction, mais aussi plusieurs mots impropres et surannés… Au reste, L’Étourdi eut plus de succès que Le Misanthrope, L’Avare, et Les Femmes savantes, n’en eurent depuis. […] [Note marginale] L’École des femmes, comédie de Molière, représentée en 1662.

158. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

On propose à une femme d’aller à une représentation du Tartufe ; elle dit, d’après Lucinde, dans l’Oracle : Ah ! […] Deux exemples suffiront : nous les prendrons dans les Femmes Savantes & le Tartufe. LES FEMMES SAVANTES. […] Le perfide, l’infame Tente le noir dessein de suborner ma femme ! […] Le lecteur a sans doute remarqué qu’aucune femme ne paroît dans le courant de la piece.

159. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXII. Des Caracteres principaux ou simples, des Caracteres accessoires, des Caracteres composés. » pp. 337-349

Imitons Moliere : tous les héros de ses pieces à caractere ont des caracteres principaux, témoins son Misanthrope, son Imposteur, son Avare, ses Femmes savantes, son Prince jaloux même ; aucun héros de ces différentes comédies n’est caractérisé par des demi-teintes, & des nuances seulement. […] Du destin qui t’attend, il faut remplir l’éclat ; Il faut prendre une femme, il faut prendre un état : C’est là le seul parti qu’il te convient de suivre. […] Dans cette piece le Président est jaloux de sa femme, mais il est jaloux honteux : les efforts qu’il fait pour cacher la jalousie qui le dévore, ont fourni à l’Auteur des scenes inimitables ; voici une des meilleures. […] Pour imaginer des moyens de tromper, il faut être femme. […] J’ai l’esprit bouché sur le manege des femmes.

160. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

Il fait ensuite paroître une Languedocienne avec une Picarde, qui accusent Pourceaugnac de les avoit épousées, appellent une douzaine d’enfants, se disputent la gloire de le faire pendre, & l’alarment au point qu’il se déguise en femme, prend la fuite, & laisse Eraste possesseur de Julie. […] Ils m’ont assuré que le héros Italien étoit, comme le héros François, persécuté par un fourbe qui mettoit à ses trousses de faux créanciers, des coquines qui prétendoient être ses femmes, & un déluge d’enfants qui l’appellent papa. On le fait aussi déguiser en femme, pour fuir la Justice qui punit sévérement les polygames. […] la pauvre femme !

161.

Voici la femme, Molière n’est pas loin. […] Mme Pernelle entre la première sur la scène, parce qu’elle va du pas d’une femme qui se sauve. […] Martine (des Femmes savantes) est servante de cuisine. […] Une femme qui se laisse convoiter et insulter d’un tel regard mérite tout le reste. […] Quoique un peu plus âgée que Domenico Biancolelli, elle devint sa femme en 1663.

162. (1788) Molière (Dictionnaire encyclopédique) « article » pp. 588-589

C’est en perfectionnant toujours qu’il s’élève par dégrés jusqu’au Misanthrope, jusqu’aux Femmes Savantes, jusqu’au Tartuffe, jusqu’à cette pièce aprés laquelle il ne faut plus rien nommer et qui est non seulement le chef-d’œuvre du théâtre comique, mais un grand bienfait envers l’humanité. […] Toutes nos réfléxions sur cette rigueur et sur cette indulgence, ne vaudraient pas ce cri énergique de la femme de Molière : quoi ! […] juste, mais tardif témoignage que la vanité plus que la douleur de cette femme rendait à un grand homme dont elle avait trahi la tendresse et empoisonné la vie.

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