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17. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Cependant l’homme de Cour, comme l’homme de Ville, qui croyait voir le ridicule de son caractère sur le Théâtre de Molière, attaquait l’Auteur de tous côtés. […] Il est bien difficile à une Comédienne belle, et soigneuse de sa personne, d’observer si bien sa conduite, que l’on ne puisse l’attaquer. […] Ils attaquent brusquement les Gens qui gardaient les portes. […] lui répondit Molière, je n’ai jamais eu dessein de travailler sur ce caractère : j’attaquerais trop de monde. […] Molière était vif quand on l’attaquait.

18. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Molière n’a pas attaqué l’ambition ! […] ambition, libertinage et débauche sont dans le sens de la nature et par conséquent il ne se peut pas que Molière les ait attaqués, et s’il les a attaqués cependant, il reste à dire que ce n’est pas vrai, car s’il les avait attaqués la théorie serait fausse et l’on sent bien que ce n’est pas possible. […] Molière a toujours attaqué les travers, il n’a jamais attaqué les vices. — Jamais est étonnamment excessif. Il est probable qu’il a attaqué le libertinage et la méchanceté et l’hypocrisie dans Don Juan ; il est probable qu’il a attaqué la luxure, la cupidité, la fourberie et l’hypocrisie dans Tartuffe. […] Car enfin nous avons compté tout à l’heure les vices qu’il a attaqués.

19. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. Des Comédies Allégoriques. » pp. 75-90

Madame Flandres rend visite à Madame Hollande ; elle prend beaucoup de part à son mal : elle en a été attaquée, elle en connoît toute la malignité, dit-elle. […] Dans l’an soixanty-sep gy l’en fus attaquée.

20. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Trois fois seulement, dans toute sa carrière dramatique, on l’a vu attaquer des vices véritables. […] Dans L’Avare, au contraire, Molière a peint un vice de tous les temps, de tous les pays, de toutes les conditions ; un vice inhérent à notre nature, et dont beaucoup d’hommes sont attaqués. […] et enfin, quel besoin Molière avait-il de Plaute, pour former le projet d’attaquer un travers de mœurs que la cour et la ville offraient incessamment à ses regards ? […] Mais, soit qu’il attaque un vice, soit qu’il fronde un ridicule, il faut, de toute nécessité, qu’il montre ce que l’un ou l’autre a de préjudiciable, de nuisible, de funeste, et pour l’individu qui en est attaqué, et pour la société, si elle y est intéressée. […] Elles attaquent principalement les ridicules, mais comme d’abondantes sources de désordres et de vices ; elles peignent de mauvaises mœurs, mais pour combattre les travers qui les engendrent et les nourrissent : elles ne sont donc pas, elles ne peuvent donc pas être immorales.

21. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Il y a dans la vie d’un auteur dramatique, dans cette vie si périlleuse et si douloureuse, un plaisir qu’il n’est que trop souvent à même de connaître : c’est lorsqu’un de ses ouvrages est attaqué, discuté, controversé, et que devant toutes ces interprétations si différentes il peut répondre en souriant : non, ce n’est pas ça ; vous n’y êtes pas du tout ; je pensais à autre chose. […] Vous attaquez ma comédie, mais je fais bon marché de ma comédie. […] Ensuite on s’est attaqué à Arnolphe, un caractère complet, qui commence la comédie de caractères en France ; on ne l’a trouvé ni bien profond ni bien comique ; et il ne faisait rire, ajoutait-on, que grâce aux pantalonnades de l’acteur qui était chargé du rôle ; l’acteur chargé du rôle, c’était Molière ; on atteignait ainsi l’auteur et le comédien, on faisait coup double.

22. (1852) Molière, élève de Gassendi (Revue du Lyonnais) pp. 370-382

Il a travaillé à restaurer et à réhabiliter la doctrine d’Épicure, il a combattu et tourné en ridicule les péripatéticiens de l’école, il a défendu la liberté philosophique, il a attaqué par le raisonnement et par l’ironie le spiritualisme de Descartes. […] Il avait attaqué, dans les Précieuses ridicules, la prétention au bel air et aux belles manières, il attaque, dans les Femmes savantes, la prétention à la science et à la philosophie.

23. (1663) Nouvelles nouvelles pp. 210-243

— Cette Critique avantageuse, ou plutôt cette ingénieuse apologie de sa Pièce, répliqua Straton, ne la fera pas croire meilleure qu’elle est, et ce n’est pas d’aujourd’hui que tout le monde est persuadé que l’on peut, et même avec quelque sorte de succès, attaquer de beaux Ouvrages et en défendre de mé chants, et que l’esprit paraît plus en défendant ce qui est méchant qu’en attaquant ce qui est beau. […] Je pourrais encore dire qu’il connaît les Ennemis qu’il a à combattre, qu’il sait l’ordre de la bataille, qu’il ne les attaquera que par des endroits dont il sera sûr de sortir à son honneur, et qu’il se mettra en état de ne recevoir aucun coup qu’il ne puisse parer.

24. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [56, p. 89-93] »

Aristophane* songeait principalement à attaquer : c’est une sorte de satire perpétuelle.

25. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Les femmes de rang se crurent attaquées et jetèrent les hauts cris. […] Il n’avait pas plus en vue la maison de Rambouillet que d’autres, mais il ne l’avait pas moins ; il ne l’attaquait pas nommément, mais il ne l’exceptait pas de ses attaques. […] Est-ce dans une femme de cet âge qu’on peut voir le principe et l’autorité d’une mode régnante, et qu’on peut se croire obligé, qu’on peut même avoir le courage d’attaquer un ridicule dominant dans le public ? […] Petitot dit que « si les dames de l’hôtel Rambouillet souffrirent patiemment Les Précieuses ridicules, ce fut parce que l’auteur eut l’adresse de leur faire croire qu’il n’avait voulu attaquer que les sociétés de province (les peckes provinciales) ».

26. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Peut-on, d’un autre côté, attaquer la fausse dévotion sans compromettre la véritable, les signes de l’une et de l’autre étant extérieurement les mêmes ? […] Admettons qu’il soit permis à la comédie d’attaquer, à son point de vue, les vices qui relèvent de la religion. […] Jusque-là, l’hypocrisie n’était pas attaquée directement, mais seulement à cause des fausses conséquences qu’on en pouvait tirer ; maintenant l’orateur se retourne contre l’hypocrisie elle-même ; mais c’est seulement lorsqu’elle se présente à lui sous le masque janséniste, Qui peut ne pas voir l’esprit de secte et de parti ? […] C’est pourquoi les dévots auront toujours quelque faible pour les hypocrites et n’aimeront pas les voir attaquer. […] Sans doute, il ne faut pas être médiocrement libre penseur pour attaquer aussi ouvertement l’hypocrisie et pour ne pas craindre de mettre le blasphème dans la bouche de son héros.

27. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Aussi a-t-il joui d’un avantage bien rare, celui de réformer une partie des abus qu’il attaquait. […] Depuis ce temps-là, Molière n’a cessé de tourner en ridicule les Médecins qu’il avait déjà attaqués dans le Festin de Pierre. […] Les plus mutins s’ameutèrent, et résolurent de forcer l’entrée ; ils allèrent en troupe à la Comédie, et attaquèrent brusquement les gens qui gardaient les portes. […] Aussi a-t-il joui d’un avantage bien rare, celui de réformer une partie des abus qu’il attaquait. […] Celle-ci l’ayant vivement attaqué dans son Traité des causes de la corruption du goût, il lui répondit par les Réflexions sur la critique, […].

28. (1716) Projet d’un traité sur la comédie pp. 110-119

Je comprends que ses défenseurs ne manqueront pas de dire qu’il a traité avec honneur la vraie probité, qu’il n’a attaqué qu’une vertu chagrine, et qu’une hypocrisie détestable.

29. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Molière, n’osant attaquer de front une coterie que de grands noms, de grandes alliances rendaient redoutable, avait déguisé, sous les noms bourgeois de Cathos et de Madelon, les puissantes dames que réunissait l’hôtel de Rambouillet. […] Molière, qui observait leur marche et n’était pas trompé par leur métamorphose, résolut de les attaquer une seconde fois sous leur nouvelle forme ; il composa Les Femmes savantes. […] Celui qui n’avait pas craint d’attaquer l’hôtel de Rambouillet dans toute la force de sa puissance, dans tout l’éclat de sa gloire, aurait-il redouté les débris d’une coterie vieillissante ; expirant sans bruit au sein d’une génération nouvelle qui daignait à peine s’en souvenir ? […] Attaqué par Despréaux, Cotin avait, à son tour, lancé contre lui quelques écrits satiriques : c’était une représaille juste, quoique bien inégale et bien imprudente. […] Ce n’est point dans La Critique désintéressée sur les satires du temps, que Cotin a attaqué Molière, comme ont paru le croire tous les biographes et tous les critiques ; c’est dans une satire principalement dirigée contre Boileau, satire dont il est partout question, mais dont nulle part on ne cite rien, pas même le titre.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. M. DE BEAUMARCHAIS. » pp. 442-462

Heureusement pour eux Enrique a confessé avant de mourir qu’il avoit fait insulter Don Sanche, & qu’il méritoit la mort pour avoir attaqué Don Alvar avec l’avantage du nombre. […] Alonse se séparent dans un bois ; des voleurs attaquent le premier, & sont près de l’assassiner, quand il est délivré par D.

31. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

  Tout cela est très-comique et très-sérieux : la vérité banale, et pourtant sans cesse attaquée par des utopistes des deux sexes, que le mariage est la base, et la moralité de toute société humaine, n’a pas été proclamée plus haut, dans les ouvrages les plus graves, que dans les scènes les plus risibles de Molière. […] VI, Ce que c’est que les mariages du théâtre : « On commence par se livrer aux impressions de l’amour sensuel ; le remède des réflexions ou du mariage vient trop tard ; déjà le faible du cœur est attaqué, s’il n’est vaincu ; et l’union conjugale, trop grave et trop sérieuse pour passionner un spectateur qui ne cherche que le plaisir, n’est que par façon et pour la forme dans la comédie… Toute comédie, selon l’idée de nos jours, veut inspirer le plaisir d’aimer ; on en regarde les personnages, non pas comme gens qui épousent, mais comme amants ; et c’est amant qu’on veut être, sans songer à ce qu’on pourra devenir après (chap.

32. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

On a, comme on sait, disserté à perte de vue sur cette fameuse scène ; on a répété à satiété que le parti des scrupuleux, comme disait tout à l’heure Thomas Corneille par euphémisme, n’osant s’en prendre ouvertement au cinquième acte, où on l’attaquait de front, se rabattit, sur la scène du pauvre et la fit supprimer dès la seconde représentation. […] Je m’en vais passer tout à l’heure dans cette petite rue écartée qui mène au grand couvent ; mais, pour moi, je vous déclare que ce n’est pas moi qui me veux battre : le ciel m’en défend la pensée, et, si vous m’attaquez, nous verrons ce qui en arrivera. » - Je conçois qu’on ait été obligé de faire, en 1677, des retranchements aussi fâcheux ; mais ce qui me paraît le tort grave et personnel du traducteur, c’est d’avoir rempli ces vides si regrettables par des inventions communes et propres seulement à faire perdre de vue le dessein et la haute pensée de l’auteur.

33. (1821) Scène ajoutée au Boulevard Bonne-Nouvelle, pour l’anniversaire de la naissance de Molière pp. -

Ce était rien encore… Je avais un autre oncle très viel, qui avait vingt milles livres sterling de revenu, et qui était attaqué du spleen… du moins… la famille… il l’espérait (Air : Du Partage de la Richesse.)

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

Le maître voit de loin un homme attaqué par trois personnes ; il vole à son secours, & sauve la vie à Don Carlos, frere d’Elvire, dont il n’est pas connu. […] Mais je vous déclare, pour moi, que ce n’est point moi qui veux me battre, le Ciel m’en défend la pensée ; &, si vous m’attaquez, nous verrons ce qui en arrivera. […] Des voleurs l’ont attaqué, & l’ont déshabillé.

35. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Il est néanmoins certain, et il sera prouvé que la guerre de Molière et de ses amis contre ce qu’ils appelaient les précieuses, a été fort malentendue dans le siècle dernier, qu’elle l’est toujours plus mal, à mesure que nous avançons ; il est de fait que l’unique intention de Molière a été d’attaquer les affectations et l’hypocrisie des Peckes (ou Pécores) provinciales et bourgeoises ; qu’il respectait, non pas l’hôtel de Rambouillet qui ne subsistait plus de son temps, mais les personnages qui en restaient, notamment le gendre de la marquise, ce duc de Montausier, dont il emprunta plusieurs traits pour peindre l’austérité de principes et de goût, et pour en orner le liant caractère de son Misanthrope.

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